BloguesOn s'éloigne

Billet trop léger

J’aimerais écrire sur le maire dopé de Toronto. Mais non.

J’aimerais vomir contre Bachar Al-Assad et ses armes chimiques. Mais non.

J’aimerais hurler contre la corruption infinie dans la construction. Mais non.

J’aimerais dénoncer le scandale de l’ex-chef de cabinet de Harper. Mais non.

J’aimerais écrire sur la piètre qualité du français chez les jeunes. Mais non.

 

Je préfère écrire sur le printemps, tiens.

Cette saison sublime qui tarde parfois à arriver.

Mais qui, chaque fois qu’elle nous refait l’honneur de sa visite, nous redonne cet esprit léger de vivre subitement. Et voilà : nous renaissons tous de fierté devant cette luminosité de mai. Sans blague.

 

J’ai peu à écrire en fait, sinon que cette saison me parle.

C’est une saison pipelette. Et si charmante.

 

Le printemps québécois est enfin parmi nous. D’une dernière bordée de neige il y a à peine quelques temps, les températures estivales avec leur luminosité inspirante ont décidé de venir nous retrouver. Comme vous, comme tant de gens, je respire cette renaissance estivale avec joie malgré la vie folle et ses contrecoups qui ne s’arrêtent pas. Le printemps québécois, plus que beaucoup d’autres printemps ailleurs dans le monde, n’est-il pas source de bien-être, de beauté simple, et de réconfort?

 

Sans aucun doute, on s’éloigne.

 

J’aimerais écrire sur la puanteur que cache la commission Charbonneau. Mais non.

J’aimerais questionner la montée du mouvement homophobe en France. Mais non.

J’aimerais décrier la mort du soldat britannique tué sauvagement à Londres. Mais non.

J’aimerais m’indigner contre la malhonnêteté de SNC-Lavalin. Mais non.

J’aimerais écrire sur la guerre civile qui se prépare au Liban. Mais non.

 

Je préfère écrire sur le printemps, sujet léger et sans intérêt s’il en est un.

Hum. Mais si beau.

 

Que voit-on au printemps québécois? Ces gens qui renaissent de fierté après avoir été livides, voire transparents, pendant des mois. Ces gens qui marchent plus fièrement qu’en janvier sans raison particulière sinon qu’ils se « sentent plus beaux ». Cette multitude de joggeurs flamboyants qui traversent les rues la tête plus haute que les gagnants de n’importe quel marathon. Ces gens qui, malgré leur vie sans aucun doute imparfaite, savoure l’instant d’un moment ce bonheur printanier. Ces maniaques de vélo qui font le Tour de France sur le boulevard Champlain. Et bien sûr, bien sûr, ces personnages étranges en patins à roues alignées avec leurs mouvements des années 80 qui semblent conquérir un nouveau bonheur à chaque coin de rue.

 

Mais bon, on s’éloigne… Assurément.

 

J’aimerais écrire sur tant de sujets importants.

Mais je préfère le printemps.

 

Oui, à ces gens savourant les adieux à la sale saison froide.

Oui, à cette renaissance printanière.

Oui, à cette envolée d’une population qui s’illumine à nouveau.

 

On en retient quoi?  Rien, sinon le fait que la pourriture et les mauvaises nouvelles poursuivent leur vie dans notre société, mais que le printemps (avec sa soif de revivre après avoir traversé des mois hivernaux angoissants) reste la plus belle saison qui soit.

 

Et si le printemps nous emmerde avec la pluie et le froid, alors j’écrirai sûrement sur les sujets importants qui me font grincer des dents.

Question de crier un peu à nouveau.