Ma réalité se fractionne, se fracture et se fissure. Pépins douteux dans l’orange de ma virtualité : mon équipe, mon gardien, mon attaque à cinq : de pures pertes, un pur déluge, du délire pour ville glissante, coulante et sale sale sale.
Je vais au théâtre ce soir et pour une rare fois, je pense que ce sera plus le fun qu’un match de hockey. Depuis cinq ans, je suis allé au centre Bell plus souvent qu’au théâtre. C’est dire. Fut pourtant un temps où j’y étais fourré deux, trois ou quatre soirs par semaine.
Dimanche dernier, j’étais avec des amis. Vous me direz qu’en soit, ça n’a rien d’exceptionnel et vous aurez bien raison. Y’en a un qui racontait qu’il était allé au théâtre – ce qui, en soit, n’a rien d’exceptionnel non plus – et qu’il avait trouvé ça très, très platte de chez platte. Ennuyant à mourir. Il se demandait si ça se faisait, de sortir d’un théâtre en plein show. Parce que bon, ça se fait de sortir du Centre Bell en plein match, alors, pourquoi pas d’un théâtre?
Je me souviens d’une époque où c’était mon calvaire. Ne pas pouvoir sortir…
J’étais critique et si je sortais, je faisais de la peine, j’envoyais un message, c’était un statement et je n’avais pas le courage (ou la méchanceté) de l’assumer. J’ai repensé à Robert Lévesque, mon ami, un de mes maîtres, qui, lui, avait tous les courages et toutes les méchancetés : non seulement il ne se gênait pas pour sortir, mais il le faisait avec emphase, bruit et talent.
Je m’ennuie de Robert.
Vous me direz t’as qu’à l’appeler, gros con! Vous avez raison : je l’appelle demain, tiens.
Pour ce qui est de ce soir, je vais au théâtre. Et vous savez quoi? J’ai hâte.
J’en reparle demain.