Vous avez voulu savoir ce que j’étais allé voir hier, hein? Je le savais que ça vous turlupinerait.
J’ai vu un vrai bon show pas financé, pas finançable : La tétralogie de l’impossible, et j’ai eu un fun noir. J’ai ri. Mais j’ai ri! de toute sortes de couleurs : blanc, jaune, gris – oui, gris, parce qu’on peut rire gris, vous savez – j’ai réfléchi autant sur la création en général que sur l’expérimentation artistique, sur le théâtre en particulier et sur la place du sens dans l’art, aujourd’hui, que sur le financement de la recherche artistique, et ce avec des gens intelligents qui n’ont pas tous la même vision du financement de la culture, contrairement à ce que certains esprits étroits essaient de nous faire croire de semaines en semaines dans les pages de certains journaux et sur les ondes de certaines radios.
Il y avait même un acteur très connu qui me disait qu’il comprenait les gens d’en avoir plein le cul de savoir que leur argent allait se perdre en conjectures d’hallucinés…
François Marquis, l’auteur, metteur en scène et acteur de ce show, me racontait, lui, que c’était devenu impossible de subventionner la recherche aujourd’hui, que même les formulaires de demandes de financement étaient devenus hallucinants de mercantilisme.
Moi, je rajoute à ça que les formulaires ont été créés soit pour décourager les artistes, soit pour donner des jobs aux MBA qui ne veulent plus travailler dans les grandes banques ou qui veulent faire semblant de mettre leur savoir au service d’une bonne cause.
M’enfin, je dérape, mais peut-être pas tant que ça…
Pendant une heure, hier soir, non seulement n’ai-je pas eu une seule fois envie de sortir, mais j’ai eu envie d’embarquer dans la discussion au moins vingt fois. À certains moments, j’ai eu l’impression qu’on se foutait de ma gueule : certaines des questions et des références dont on se moque dans cette pièce sont des sujets qui animent toujours ma réflexion artistique. Là, impossible de savoir si on s’en fout ou si, ou si, ou si…
Mais bon, de toute manière, je ne sais pas pourquoi je parle de ça ce matin : ça ne vous intéressera même pas, mais je vous dit quand même qu’il reste de la place pour la représentation de ce soir. Ça dure une heure et non seulement ça ne fait pas mal, mais c’est drôle, si c’est ce que vous cherchez absolument au théâtre.
En plus, il ne s’agit pas d’un délire de jeunes étudiants en mal de masturbation intellectuelle, mais du travail de vrais artistes reconnus, connus, et même très connus pour certains.
Si ça peut vous sortir de votre divan douillet de trippeux de séries télés, ou de match de hockey platte, à Pittsburg, sans même Crosby : go!
Come on, le choix est clair, non!? Faut faire déborder Espace libre!
Moi je n’irai pas au théâtre ce soir. Désolé. Mais je n’écouterai pas le hockey non plus. Grosse semaine cette semaine : intense sur tous les plans…
Faque stu l’temps d’une p’tite frette tranquille vous pensez?