Aussitôt après le lancement officiel du Comité sur la souveraineté le dimanche 19 février, la question a été posée par des journalistes: « Pourquoi parmi les 14 membres du comité sur la souveraineté aucun n’est issu de l’immigration ? ».
La question a été posée de nouveau par Guy-A Lepage à Tout le monde en parle. La réponse de Paul Piché n’était pas convaincante. Il y a malaise.
Le comité dont Pauline Marois est la présidente a pour mission d’analyser les stratégies qui ont précédé les référendums de 1980 et 1995. Dans la formation du comité lui-même il y a déjà un problème de stratégie. Ne pas faire appel à deux ou trois québécois issus de l’immigration pour réfléchir sur un sujet qui engage tous les citoyens du Québec c’est faire preuve d’aveuglement. C’est fonder une aspiration légitime sur une crispation identitaire.
Et que dire de l’absence d’un représentant des autochtones du Québec dans ce comité..?
Le 20 janvier dernier, un mois avant le lancement du Comité sur la Souveraineté, je publiais dans mon blogue « Le goût du pays« . Un texte dans lequel je raconte l’expérience de mon père en tant que résistant pour l’indépendance du Maroc. Si aujourd’hui, je me sens parfaitement concerné par la question nationale du Québec, c’est aussi parce que je suis habité par une histoire de résistance. La plus part des québécois issus de l’immigration sont habités par la même histoire.
Dans la dernière partie de ce texte, j’ai formulé quelques questions que le lancement de ce Comité incomplet rend plus que jamais d’actualité.
Ces questions, je les adresse aujourd’hui directement aux 14 membres du Comité sur la souveraineté et à sa présidente:
– Comment renforcer le goût du pays en faisant abstraction de tous les mouvements de libération que les nouveaux québécois portent dans leurs mémoires ?
– Pourquoi les souverainistes québécois ne se nourrissent pas de toutes ces luttes dont les traces sont portées par des milliers de nouveaux québécois ?
– Le Québec n’est pas aussi pauvre que le Maroc l’avait été avant son indépendance. Le goût du pays serait-il favorisé exclusivement par des conditions de pauvreté et de sous-développement ?
– Pour avoir réellement le goût du pays, faut-il attendre de ne rien perdre ?
– La possibilité d’obtenir un pays par un simple referendum et avec une majorité de voix (51%) est-il suffisant pour donner envie et goût d’un pays ?
– Les nouveaux québécois, devraient-ils attendre une invitation officielle pour se sentir concernés par la question nationale du Québec ?
– Lorsqu’on vient d’un pays dont l’histoire est marquée par une lutte contre la colonisation, comment rester insensible aux aspirations d’indépendance et de liberté d’autres peuples ?
Par ailleurs:
– Dans un contexte ou la division des forces souverainistes inspire amertume et cynisme comment transmettre le goût du pays à des gens qui ont connu une autre façon de le faire ?
– Quand ce sont des souverainistes qui font le plus mal à la souveraineté, comment leur demander d’y croire..?
– Quand la souveraineté devient une marque de commerce pour atteindre le pouvoir, comment leur demander de la prendre au sérieux ?
– La crispation identitaire dans laquelle s’enferment certains souverainistes ne serait pas la meilleure façon de tuer le goût d’un pays pour tous ?
– Finalement, pour qui fait-on un pays ?
– Pour NOUS et contre les AUTRES ?
– Pour NOUS et avec les AUTRES ?
– Pour NOUS et avec NOUS, si on considère que les AUTRES ce n’est rien d’autre que NOUS ?
Peut-être que les bonnes réponses à toutes ces questions viendront un jour d’un petit-fils ou d’une petite-fille d’un nouveau québécois qui vient tout juste de débarquer à l’aéroport Pierre-Eliot Trudeau..!!
On ne sait jamais!
À vue de nez, deux raisons principales pourraient motiver le fait de l’absence de membres issus de l’immigration.
Ainsi, j’estime raisonnable de penser que la grande majorité des personnes issues de l’immigration, que ce soit de date récente ou non, ne sont pas venues ici pour changer les structures déjà en place mais pour s’y adapter.
Un peu lorsque l’on descend à un endroit où les gens ont l’amabilité de nous accueillir, on évitera (préférablement et par savoir-vivre minimal) de se mêler de leurs chicanes de famille ou de leur dire comment réaménager la place. De la réserve et du respect à l’égard des hôtes.
Et puis, j’ajouterais qu’une très probable raison pour que des personnes issues de l’immigration ne soient pas présentes, c’est que la question de la souveraineté québécoise en est une qui s’adresse quasi-uniquement aux québécois francophones de souche. Sans racisme, heureusement, mais tout de même une question ciblant très spécifiquement cette «clientèle».
Mais je ne suis qu’un simple observateur…
Cela aurait été différent si Québec Solidaire avait été consultée et avait participé à la fondation de ce comité (les nouveaux arrivants sont bien représentés à Québec Solidaire).
Mais d’un autre côté, ce que je lis de ce comité, c’est que c’est essentiellement une manœuvre de la direction du PQ, derrière Pauline Marois, pour satisfaire la base souverainiste, tout en écartant le dossier.
La manœuvre est malheureusement classique: Un dossier vous embarrasse ? Créez un comité et refilez-lui le dossier. Le temps qu’il en discute, fasse des rapports, crée des sous-comités, vous n’aurez pas ce dossier dans les pattes.
Charest le fait régulièrement; les gouvernements précédents aussi.
J’espère me tromper, mais tout semble pointer dans la direction d’une « arabesque latérale » pour se débarrasser de la « patate chaude » de la souveraineté. Je parie que plusieurs espèrent des élections imminentes avant que ce comité ait le temps de pondre quelque chose de « compromettant ».
Parce que sérieusement, si le PQ, après 43 ans d’existence, et Pauline Marois, après 5 ans de présidence, ont encore besoin d’un comité pour leur dire comment faire la « promotion » de la souveraineté, ça fait dur du côté des convictions.
Surtout avec la pléthore de « faiseurs d’images » qui sévissent déjà dans le parti.
Je ne suis pas Salomon, mais je partage et l’opinion de M. Perrier et l’opinion de M. Lagassé.
Ces deux éclairages se défendent, bien qu’il y ait au PQ des Néo-Québécois de diverses origines. Il n’y a pas que Mako Koto au Québec. Andréa Ferretti me vient à l’esprit. Est-elle morte?
Les propos de notre hôte sont aussi très pertinents. Peut-être craint-on au PQ d’avoir dans ses rangs de vrais et véritables séparatistes qui n’hésiteraient pas à prendre les armes pour faire l’indépendance. Notre hôte à raison : pour se battre, il faut être désespérés, n’avoir plus rien à perdre. Au Québec, on est trop bien, malgré le malaise éprouvé.
Noyer le poisson fonctionne toujours. Le temps que la tempête s’appaise on aura survécu jusqu’à la prochaine.
C’est bien maudit!
Si QS accueille bien les immigrants c est parce qu il cherche a rallier une part du vote laissez orpheline. Mais TOUS les partis courtisent une part de l électorat pour obtenir LE pouvoir et ensuite ils se le partagent sous notre nez. Le peuple (ceux qui n ont pas un compte en banque de plus d un million de dollars pour leurs petites dépenses) le peuple donc n est que l outil de leur mégalomanie.