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Valeurs québécoises ou valeurs universelles?

Le style c’est un art et comme dirait Aristote « La première qualité du style, c’est la clarté ». Avec une charte de valeurs québécoises, le gouvernement du parti québécois joue dangereusement avec l’ambiguïté.

C’est le fait de les désigner comme québécoises qui donnent à ces valeurs une ambiguïté qu’elles ne devraient pas avoir. Personnellement, je me réjouirais que le Québec adopte enfin des principes et des règles de laïcité pour permettre le vivre ensemble de toutes les consciences, religieuses et non religieuses. Cela est nécessaire pour un Québec de plus en plus multiculturel.

Mais en les appelant québécoises, le PQ commet une maladresse en dépouillant ces valeurs de leur caractère universel et rassembleur. Comme si les québécois issus de l’immigration étaient étrangers à ces valeurs avant leurs arrivées au Québec. Si certains pays ou cultures n’ont pas encore adopté des valeurs de laïcité et d’égalité hommes-femmes, cela n’empêchent pas les individus d’y aspirer. Dans la plus part des pays du monde, il existe des mouvements progressistes qui ont inscrit ces valeurs dans leurs chartes.

Les valeurs traversent le temps, l’espace et les frontières. Aucun pays ne peut prétendre être l’inventeur d’une valeur. Celles que le gouvernement du PQ s’apprête à nous annoncer, sont présentées comme étant made in Québec. À mon arrivée au Québec il y a 31 ans, je portais avec moi, dans mes valises, des valeurs de laïcité, de justice, d’égalité homme-femmes et de non violence.

Je regrette que sur un enjeu aussi important que celui du vivre ensemble, les partisaneries politiques et idéologiques l’emportent sur l’intérêt commun. Entre le paternalisme du multiculturalisme à la Bouchard-Taylor et le glissement vers le repli sur soi du PQ, beaucoup de québécois, comme moi, ne se sentent représentés ni par l’un ni par l’autre.

Je crains que Bernard Drainville et son gouvernement ne soient piégés dans un mouvement de crispation identitaire qui risque de nous plonger à nouveau dans un faux débat. Pourtant, il a l’occasion non seulement de changer l’histoire, mais d’entrer dans l’histoire en donnant au Québec une charte de laïcité. Une charte de valeurs communes.

Comment donner de la clarté à une charte de laïcité ? Ne pas la fonder sur la peur de l’autre.

Il existe un moyen très efficace pour dissiper toute ambiguïté sur le caractère universel de la nouvelle charte. Décrocher le crucifix de l’Assemblée Nationale. L’exception patrimoniale ne peut s’appliquer sur le symbole d’une relation incestueuse entre politique et religion.

Prêcher par l’exemple est la seule façon d’être cohérent et conséquent.

Alors que nous n’avons jamais été aussi proche d’une charte de la laïcité, je trouve dommage que le PQ sabote son propre parcours. Il trahi sa propre promesse.

Bernard Drainville et son gouvernement n’ont qu’à s’inspirer de la Déclaration des Intellectuels pour la laïcité que je n’ai pas hésité à signer, comme je l’explique ici: