« Ni pleurer, ni rire, mais comprendre » Spinoza.
Dans une lettre publiée dans la Presse le 18 septembre dernier, le professeur d’histoire Yakov Rabkin, conclut son texte en qualifiant la charte des valeurs en rien d’autre qu’une « arme de distraction massive » et il nous invite à nous en méfier.
À en juger par les dernières controverses provoquées par certains commentaires sur la charte, certaines lettres, certaines positions, certaines réactions et les réactions aux réactions..
À en juger par la simplicité et la rapidité avec laquelle l’opinion publique est tombée dans le piège de la division en se constituant résolument pro-charte ou résolument anti-charte, comme s’il s’agissait d’un match de hockey entre les Nordiques et les Canadians.
À en juger par la manière avec laquelle les médias dominants ont profité de cette division pour en faire un spectacle éclatant de clivage, de polarisation et de manichéisme.
À observer comment les textes de fond sur la charte sont éclipsés par les déclarations incendiaires qui ont pris un espace disproportionné dans les médias dominants.
À en juger par la position clairement politique de la Présidente du Conseil du Statut de la Femme qui a profité de la nomination de quatre femmes pro-charte par le gouvernement, pour prendre ses distances.
À en juger par la position de la Commission Québécoise des Droits de la Personne qui n’a donné aucune chance à la charte de traverser le mur juridique jugeant impossible que des valeurs soient intégrées dans une charte de droit.
À en juger par le manque d’encadrement politique du débat, le manque de pédagogie sur les notions de laïcité. La plupart des jeunes que j’interroge me répondent que laïcité veut dire absence de religion! D’autres l’associe à l’athéisme. Certains sont convaincus que la charte mettrait fin au port des signes religieux partout.
À en juger par la façon avec laquelle le PQ a voulu sauver sa peau en faisant d’un débat de société, une machine à gagner des votes pour éliminer la CAQ de la scène politique.
À en juger de tout ça, il est difficile de ne pas être d’accord avec le constat du professeur.
Cependant, quand on lit bien le texte de Yakov Rabkin, on pourrait noter aussi que le professeur d’histoire ne participe pas moins à cette entreprise de distraction massive en sous-estimant l’importance de légiférer sur un enjeux qui engage les générations futures. Si ce n’était pas si important, pourquoi assistons-nous alors à tant de tumultes, de passions et de réactions?
Ce n’est pas parce que le PQ a mal géré le débat qu’un débat n’a pas sa raison d’être.
L’arme de distraction massive se nourrit aussi des analyses idéologiques et partisanes. Il est évident que le conflit entre fédéralistes et souverainistes, entre muticulturalistes et nationalistes, trouve dans ce débat une bonne occasion de poursuivre la vieille chicane.
Si le politique est en grande partie responsable d’une telle dérive par sa façon de présenter le débat et surtout par sa façon de s’en laver les mains, la responsabilité n’en demeure pas moins partagée. Nous avons comme citoyens notre part de responsabilité dans notre façon de réagir, de se laisser distraire par les manipulations des uns et des autres. Certaines réactions de peur (de part et d’autres) me désolent parce qu’elles sont fondées davantage sur le ressenti que sur les faits.
Est-il encore temps de se rattraper pour combler le vide politique et amener un peu de rationalité et de recul dans le débat ?
Idéalement, avant la proposition d’un projet de charte, ce débat aurait dû être introduit par une question simple: Qu’est-ce que c’est la laïcité?
Ne faudrait-il pas d’abord réhabiliter ce principe fondamental de la démocratie qui a été instrumentalisé par les athées, les féministes, les souverainistes et même les religieux ? Ces derniers l’ont adoptée à condition qu’elle soit ouverte. Ouverte à quoi? À la religion évidemment, ce qui est un non-sens. Une aberration intellectuelle.
Sur la base de cette confusion, le PQ a initié le débat pour briller aussitôt par son absence. Quand la politique s’active à remplir le vide par le vide, cela donne les Janette. Les Janette ont essayé de remplir ce vide en instrumentalisant une notion aussi noble que l’égalité hommes-femmes pour justifier le repli sur soi.
Mais, qu’est-ce que la laïcité?
Faut-il rappeler que la laïcité c’est d’abord la liberté des consciences. Toutes les consciences. Pour que cette liberté soit possible, une condition s’impose: La séparation entre le religieux et le politique. Contrairement à ce qui domine dans le débat actuel, la laïcité n’a pas été inventée contre une religion en particulier. On me répondrait: »oui, mais c’est l’islam qui domine le paysage, c’est normal de s’attaquer à lui. » Je réponds simplement que par définition un principe c’est un principe.
J’ai cru que ce débat était une occasion en or pour nous citoyens de réfléchir sur ce qui pourrait nous rassembler au delà de nos choix politiques et religieux. Je crois encore que le débat pourrait avancer si nous croyons que l’intérêt général peut l’emporter sur le particulier. J’ai cru aussi que ce débat est une excellente occasion pour certains citoyens de jeter un regard critique sur l’interprétation qu’ils font de leur propre religion..?
Mais, qu’est-ce que la laïcité?
Je suis un gand fan d’Averroès (Abu’l-Walïd Muhammad ibn Ahmad ibn Rushd 1126-1198), Médecin, juriste et grand philosophe de l’Andalousie. Il est le premier grand philosophe arabo-musulman a séparer le temporel du spirituel. Ce qui était à l’origine un concept philosophique est devenu un concept politique: La laïcité. Après des siècles de guerres de religion entre catholiques et protestants, il était devenu vital de concevoir des espaces où le religieux ne pouvait plus corrompre le politique. Averroès, ce grand intellectuel andalou, a grandement contribué à l’émergence des philosophies des lumières.
J’ai retrouvé cet esprit des Lumières dans la déclaration des intellectuels pour la laïcité. Je le retrouve aussi dans la pétition Rassemblement pour la laïcité. Voilà pourquoi je les ai signées.
Le gouvernement aurait pu s’appuyer sur ces textes pour mieux concevoir et raffiner sa charte. Une charte de la laïcité!
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Je crains que les prochaines élections (si elles ont lieu cet hiver ou ce printemps) ne fassent qu’aggraver le clivage. À moins qu’un front commun ne soit constitué par les citoyens non partisans. L’objectif de ce Front serait d’inviter tous les candidats à ne pas faire de la charte des valeurs québécoises un enjeu électoral.
Ça serait d’une grande irresponsabilité politique (de la part de tous les partis) d’engager les Québécois dans des élections dominées par un débat très mal engagé. Comment accepter que les ravages et les dérapages d’un tel débat puissent guider les citoyens dans leur choix d’un vivre ensemble?
Au cas où les élections soient déclenchées dans quelques semaines, je propose la constitution d’un Front commun:
Le Front Commun, Ni pour, Ni contre la charte!
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Depuis la déclaration des Janette:
Les Pour sont plus que jamais pour.
Les Contre, sont plus que jamais contre.
Et moi (j’espère ne pas être le seul), plus que jamais, je ne suis ni pour ni contre.
Je ne suis pas pour une charte à trois pattes..
Je ne suis pas contre le principe d’une charte de laïcité issue d’une large consultation publique non partisane.
Le politique brille par son absence, laissant place aux dérapages:
Cela donne des psy qui affirment que les croyants sont plus équilibrés mentalement que les athées et des Jeanette qui instrumentalisent la notion égalité homme-femme au profit d’un repli identitaire.
Déclencher des élections avec une telle confusion comme bruit de fond, serait irresponsable et même immoral.
Peut-être que pour la première fois de ma vie de citoyen, j’irai annuler mon vote.
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Une large consultation publique non partisane… cela n’a-t-il pas déjà été fait justement?
Le membre de la Commission Québécoise des Droits de la Personne qui s’est prononcé n’a rien de neutre. L’ancien ministre québécois Richard Le Hir a fouillé ce dossier et a lui a trouvé de grosses influences venant de partisans majeurs de l’idéologie multiculturaliste.
http://www.vigile.net/Un-cheval-sur-la-soupe
Ecouter l’entrevue de Paul Arcand a 98,5 vendredi 18 octobre.
(1) Constat 1….
Selon le president de la commission des droits de la personne il ne faudrait pas inscrire la laicite au sein de la charte des droits.
(2) constat 2 …
Ecouter bien son propos … quand Arcand lui demande si Bouchard Taylor passe la charte canadienne …
Le president de la commission dit c’est plaidable …
Qu’on soit clair que ce soit la proposition de la CAQ, Bouchard Taylor ou meme projet de loi 94 …
Rien passe la charte canadienne. C’est plaidable sans plus.
(3)
constat 3 …
Ecouter bien quand Paul Arcand lui dit on peut modifier la charte des droits quebecoise pour rendre la charte des valeur acceptable.
Le president de la commission dit clairement que la charte des valeurs est une serie de modifications a la charte des droits et qu’au final la charte des valeurs et des droits seraient conforme l’une a l’autre …
Le probleme serait alors la charte canadienne …
Alors ceux qui evoquent que la charte des droits quebecoise est le probleme c’est faux … au final selon le president de la commission des droits de la personne c’est la charte canadienne … charte qui a bien sur fait l’objet de la plus grand discussion democratique possible …
(4)
En terminant la commission des droits de la personne s’inquiete pas de l’endoctrinement des enfants par les religions …
Probablement trop jeune pour se plaindre ou peut etre ont-ils des demi droits ….
(5)
Qu’on se le rappelle …
C’est la commission des droits de la personne qui avait dit dans un avis de 2009 que si on refuse un agent a la SAAQ en raison que c’est une femme, pas grave car il y a un repartiteur et l’agent ne sait pas qu’elle a ete discrimine ….
Selon la commission une discrimination a l’ insu de l’agent est une discrimination avec atteinte raisonnable aux droits de l’agent …
« Il faut d’abord réhabiliter ce principe fondamental de la démocratie qui a été instrumentalisé par les athées, les féministes, les souverainistes et même les religieux l’ont adopté à condition qu’elle soit ouverte. Ouverte à quoi? À la religion évidemment, ce qui est un non sens. Une aberration intellectuelle. »
Les citoyens ont les outils qu’ils ont pour appréhender le monde et qu’ils s’exercent tant bien que mal à la démocratie. Une démocratie ça se vit et si ça doit se réhabiliter ça doit venir d’en haut, aux citoyens on ne peut demander que de participer au débat et c’est ce qu’ils font. La grande question fondamentale qui découle de la Charte finalement est: Est-ce que les us et coutumes d’un peuple sont reconnus au même titre que les pratiques religieuses dans la Charte des droits et libertés? Est-ce que j’ai le droit d’être harassée par l’envahissement de mon quartier les fins de semaine par des fidèles en voiture, quand une église les reçoit dans l’ancienne épicerie du coin et qu’il n’y a pas assez de places dans leur stationnement? Il a fallu attendre qu’ils aient assez d’argent pour en ériger une autre plus loin, plus à l’écart des quartiers. Peut-on « raisonnablement » s’objecter à la construction d’une église comme de tout autre construction qui ne ferait pas l’affaire de citoyens, de par leurs caractéristiques et leur emplacement? J’en doute. Parce que des « faits » il n’y en a pas plus d’un bord que de l’autre, il faut parler de « pratiques », pratiques religieuses vs pratiques laïques. Et une pratique laïque à mon avis est dépourvu de signes et de comportements religieux. Un juge fera sa prière dans son bureau avant de se présenter à une audience. Une catholique ou une musulmane pratiquantes feront leur prière et/ou démontreront leur confession par des signes religieux en dehors des heures où elles pratiquent leur « travail laïque ». Je crois que finalement, et surtout indépendamment de ce que pensent les citoyens, ça va finir par être un débat strictement légal dont l’issue dépendra, à mon avis, non des opinions d’une majorité de citoyens (qu’on dira manipulés) mais de la verve et des techniques de persuasion de brillants avocats à l’image de nos plus talentueux politiciens. Vive la démocratie!
« Est-ce que j’ai le droit d’être harassée par l’envahissement de mon quartier les fins de semaine par des fidèles en voiture, quand une église les reçoit dans l’ancienne épicerie du coin et qu’il n’y a pas assez de places dans leur stationnement? Il a fallu attendre qu’ils aient assez d’argent pour en ériger une autre plus loin, plus à l’écart des quartiers. Peut-on « raisonnablement » s’objecter à la construction d’une église comme de tout autre construction qui ne ferait pas l’affaire de citoyens, de par leurs caractéristiques et leur emplacement? »
Le projet Drainville ne traite absolument pas de ces dossiers. C’est ce genre d’amalgames et de frustrations (réelles ou imaginaires) projetées qui rend ce débat complètement stérile.
Impossible de discuter des points en cause sans qu’on nous sorte des situations « pas rapport ».
C’est dommage.
Le moment est peut-être venu pour les citoyens de prendre d’assaut les rues, comme au printemps 2012, afin d’envoyer au gouvernement – et surtout à sa première ministre… – un message susceptible d’être reçu et enfin compris.
Que les citoyens sortent donc bloquer le maximum de rues en nuisant à tout ce qui bouge ou pas, à répétition, et s’épinglent au manteau un «carré jaune» (signifiant prudence, attention, vigilance et pas de précipitation svp). En tapant bruyamment sur des casseroles de manière à déranger le plus possible et, du coup, faire jour après jour la Une des journaux et des informations télévisées.
Notre première ministre se rappellera alors possiblement sa propre attitude opportuniste d’avant les dernières élections, réalisera ainsi peut-être qu’à nouveau elle s’est engagée dans une voie électoraliste partisane, et décidera en conséquence sagement de tabletter son invraisemblablement mal fagoté projet de Charte.
Le temps de faire enfin tous les «devoirs» qui n’ont pas été faits avant de lancer ce qui s’est dès le départ révélé être une Charte de la zizanie.
Mais, de manière réaliste, espérer que notre première ministre puisse agir de la sorte, c’est quasi-utopique. Aussi ridicule et absurde que de croire au Père Noël – lequel attend d’ailleurs impatiemment que soit passé l’Halloween pour venir, cette année encore, tester la largeur du passage libre dans nos cheminées. Ce Père Noël qui aura bientôt eu définitivement préséance sur les crèches et les anges trop ostentatoires.
(Et tandis que le village en entier se tape allégrement dessus, parce que le poisson n’est pas frais ou que le barde chante faux, les Romains accumulent pour leur part les faits d’armes et les conquêtes (de marchés). Une scène pas du tout drôle dans notre contexte actuel…)
Vous dites n’être ni pour ni contre? Pourquoi donc avoir signé la pétition pour la charte???
http://www.laicitequebec.org/
Prenez-vous les gens pour des valises???
Vous savez lire! Mais savez-vous comprendre
La charte des valeurs n’est pas une charte de la laïcité!
Je ne suis pas pour une charte à trois pattes..
Je ne suis pas contre le principe d’une charte de laïcité issue d’une large consultation publique non partisane.
@blogueur
Mais peut etre que le blogueur lui devrait savoir ecouter …
(1)
Vous dites :
« Je ne suis pas contre le principe d’une charte de laïcité issue d’une large consultation publique non partisane. »
Mais vous lui dites quoi au president de la commission des droits de la personne qui dit qu’on devrait pas inscrire la laicite dans la charte quebecoise ?
Pourtant c’est clair dans son entrevue a Paul Arcand que la commission n’est pas en faveur d’inscrire la laicite.
(2)
vous dites
« À juger par la position de la Commission Québécoise des Droits de la Personne qui ne donne aucune chance à la charte de traverser le mur juridique jugeant impossible que des valeurs soient intégrées dans une charte de droit »
La position de la commission fait en sorte que la proposition de la CAQ a aucune chance et puis meme en regard de Bouchard Taylor
le president de la commission dit que c’est « plaidable » ….
Quand un jurist dit que c’est « plaidable » … c’est que tu pars avec 2 prises …
Dans le fond peut etre que le projet de loi qui ferait votre affaire aurait peut etre lui aussi aucune chance vous lui dites quoi alors
au president de la commission des droits de la personne ?
Des signes religieux sur des représentants d’un État neutre est contradictoire. Ça me semble évident.
Que la personne qui porte un signe religieux soit homophobe ou non, j’ai le droit en tant que citoyen de me faire servir par un employé de l’État qui n’affiche pas le symbole d’une doctrine qui me considère comme une abomination.
Je suis pour la laïcité parce que je veux vivre AVEC les immigrants. J’aimerais qu’on en débatte en mettant les arguments les plus intelligents de chaque option, plutôt que de voir discréditer l’autre en prenant des cons comme contrepartie. Il y a des cons des deux bords et des gens sensés des deux bords. Laissons les premiers polluer le web et faisons débattre les seconds.