Si vous n’êtes pas arabes, si vous ne connaissez pas la langue arabe, la marocaine en particulier, vous ne comprendrez rien à ce qu’elles disent et à ce qu’elles chantent..
Mais je vous invite quand même à écouter et prêter attention à l’énergie positive de ces femmes derrière les barreaux d’une prison:
http://www.souverains.qc.ca/aroukacha2.html
Oukacha, la célèbre prison casablancaise, a vu défiler des milliers de femmes dont plusieurs étaient des prisonnières politiques. Je pense en particulier à Saida El Menebhi décédée le 11 décembre 1977 à l’hôpital Averroes de Casablanca, faute de soins appropriés en prison, à la suite de 34 jours de grève de la faim. Elle était âgée de 25 ans.
Durant son incarcération, Saida était placée à l’isolement. Elle protestait contre les conditions de vie des femmes en prison, d’où sa grève de la faim. Nous étions au coeur des années de plomb.
Depuis 2002, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus travaille activement à l’humanisation des prisons marocaines. À deux reprises, en 2008 et en 2009, j’ai demandé de visiter celle où Saida avait fait sa grève.
Selon le témoignage de quelques 30 femmes-détenues que j’ai rencontrées, les choses ont beaucoup évolué depuis les années 70 dans cette prison. Les 350 femmes d’Oukacha ont maintenant accès à neuf ateliers de formation professionnelle, des ateliers de théâtre et de chant. La plus part quittent la prison avec des diplômes en coiffure, en couture ou en cuisine.. Certaines accumulent les diplômes. Il y a même une procédure mise à leur service pour trouver du travail à leur libération.
Régulièrement, le Roi Mohammed VI leur rend visite pour inaugurer des nouveaux programmes et voir à l’amélioration de leurs conditions de vie.
Comme dans toutes les prisons du monde, les femmes sont beaucoup moins nombreuses que les hommes. Cela facilite beaucoup plus leur réinsertion.
Après la première rencontre radiophonique que j’ai réalisée en 2008 avec la chanteuse Saida Fikri, chaleureusement accueillie par les Souveraines d’Oukacha, j’ai récidivé en 2009 et de nouveau les Souveraines m’ont accordé leurs paroles, leurs chants et leur confiance.
En cette journée du 8 mars, je vous invite à les écouter:
http://www.souverains.qc.ca/aroukacha2.html
PS: À Oukacha, du côté des hommes, la situation est apparemment moins rose.. Malgré les programmes mis en place par la Fondation, la surpopulation des secteurs masculins a fait l’objet d’un rapport parlementaire en 2012 qui fait état d’une prison au bord de l’explosion..!!
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Malika Oufkir, une autre célèbre prisonnière marocaine, a fait l’objet d’une belle rencontre radiophonique.. Avec toute sa famille, Malika fut prisonnière pendant presque 20 ans. Elle raconte son récit, en français, à Montréal devant les Souverains de Bordeaux. C’était le 18 novembre 1999.
http://www.souverains.qc.ca/armalikao.html
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Bravo et merci pour ce coup de chapeau du 8 mars.
La partie en arabe est effectivement impossible à suivre… sauf pour les chants dont certains sont très beaux. Les rires sont là. Les silences aussi.
À travers le temps et l’océan, l’énergie et l’espoir voyagent.
Avec ces voix, ces airs et ces mains qui tapent, me sont revenus des souvenirs du Maroc en… 1972!
Les parfums, les rencontres. Le goût des dattes. L’odeur du pain. Ma petite pipe à kif. Un vieil « hôtel berbère » à Taroudant. Les enfants de M’Hamid, bien avant qu’y débarquent les hordes de touristes….
L’écoute commencée de l’entrevue avec la fille du Gal Oufkir va se poursuivre…
Choukran!