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Bonjour la police!

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Dans un pays très loin du Québec, il m’est arrivé d’être témoin d’un passe-droit. Un policier a fermé l’oeil sur la faute d’un autre.  Ce dernier était en civil, mais la vitesse de sa voiture sur l’autoroute dépassait largement la limite prescrite.  Dans les circonstances une amende s’imposait.

J’ai vu de mes yeux le policier en uniforme retourner les papiers au policier en civil, le saluer et lui débarrer la route. Il n’a même pas pris le temps de lui dire « Ralentis un peu ».

Imaginez quand il s’agit de délit plus grave! Quand par exemple l’excès de vitesse d’un policier provoque la mort.  Comment un tel crime peut-il échapper à un procès ?

Pourquoi un policier ne serait-il pas accusé devant la cours criminelle lorsque, pour le même délit, un citoyen ordinaire l’aurait été..?

Certaines professions n’échappent pas au communautarisme.  Une forme de solidarité fondée sur l’appartenance à une même corporation professionnelle. Celle de la justice et plus particulièrement celle de la police ne fait pas exception.

Un policier qui ferme l’oeil sur les écarts d’un collègue, c’est une règle non écrite, mais elle a pris apparemment force d’un droit acquis.  Ici comme ailleurs, la liste est longue des policiers non accusés, blanchis.

Il arrive même parfois que celui qui ne marche pas dans cette drôle de « fraternité » policière, soit exclu du corps policier.

Mais il existe peut-être une explication pour comprendre l’indulgence de la justice envers la police.

Si tous les policiers qui contreviennent aux lois, dans l’exercice de leur fonction, devaient passer par les procédures normales de la justice, quel impact cela aurait-il, d’une part sur le moral de la police et d’autre part sur le recrutement de nouveaux candidats ?

Pourquoi devenir policier si c’est pour courir le risque de se trouver en prison..?

Par ailleurs, si chaque erreur et chaque bavure de la police est signalée, jugée et punie, cela n’aurait-il pas pour effet un excès de prudence dans l’exercice de la fonction policière  ?  Ainsi de peur de dépasser les limites inscrites par la déontologie policière,  dans l’exercice de la force, sous peine de sanction, le policier ou la policière aurait tendance à hésiter ou à douter et finalement à laisser-faire..

J’essaye de comprendre!

Si la police devait être accusée et punie pour ses écarts, pour ses bavures,   pour ses abus de pouvoir et parfois pour ses corruptions, aussi marginales soient-elles, quelle image les citoyens retiendraient d’elle ? Et surtout quel message ?

Pour sauver les apparences d’une police exemplaire dans sa droiture et son respect de la loi, serait-il informellement convenu qu’il ne faudrait pas laisser trop de traces de ses erreurs, même les plus humaines ?

On rétorquera que personne n’est au dessus de la loi et nul n’est supposé l’ignorer!  Bien entendu.   Mais pour faire respecter la lettre et l’esprit d’un principe aussi important, dans notre monde actuel, nous avons besoin justement d’une police.

Aussi bien payée et aussi bien formée soit-elle, la police, notre police, demeure le produit de nos paradoxes.

Dans le cadre du pouvoir que nous lui donnons, elle se donne un pouvoir sur lequel nous n’avons pas toujours le contrôle.

Et la police de la police ? C’est encore la police.

Bonjour la police!

Ceci dit, la vigilance citoyenne est de mise…