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Journée sans voile! Journée pour Aqsa!

Ramadan 2015. Rupture du jeûne!
Jour 23.

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Depuis 2013, le 10 juillet a été institué Journée mondiale sans voile. Des femmes de culture musulmane, vivant en France, sont derrière cette initiative

Je ne sais pas quoi en penser. J’ignore quel impact aura une telle journée pour sensibiliser les opinions sur le sort réservé aux femmes musulmanes, ici et ailleurs, qui subissent le poids des regards et parfois des gestes. J’en profite néanmoins pour rendre hommage à une jeune femme assassinée pour avoir refusé de porter le voile.

Le 15 décembre 2007, en Ontario (Canada), la jeune Aqsa Parvez a été enterrée à l’âge de 16 ans.   Son père et son frère l’ont assassiné parce qu’elle refusait de porter le voile.  Choqué et boulversé  par ce drame, j’avais alors formulé le souhait que des femmes portant le voile islamique démontrent leur solidarité avec la jeune Aqsa en enlevant leurs voiles, le temps d’une petite manifestation.  Puisqu’elles sont libres de le porter, elles devraient être libres de l’enlever pour donner un autre sens à leurs voiles que celui de la soumission.

En ce 23 me jour de Ramadan 2015, dans les rues déserte de mon quartier, moi j’ai marché pour Aqsa Parvez.

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Libres de le porter, libres de l’enlever!

Une marche à la mémoire d’Aqsa Parvez.

(Mis en ligne le 17 décembre 2007)

Le 10 décembre dernier, Muhammad Parvez d’origine pakistanaise a tué sa fille de 16 ans, Aqsa Parvez, parce que cette dernière ne voulait plus porter le hijab. Ce crime commis dans la région de Toronto serait le premier du genre au Canada. Au Pakistan, on appelle ça un crime d’honneur.

En apprenant cette nouvelle, combien de femmes au Canada, portant le foulard islamique, auraient eu envie de laisser tomber leurs foulards ne serait-ce qu’une journée, pour exprimer toute leur indignation face à un crime aussi horrible ?

Qui parmi toutes ces femmes musulmanes voilées de partout au Canada, seraient prêtes à initier une marche à la mémoire d’Aqsa Parvez ? Qui parmi ces femmes, oseraient faire partie de cette marche, la tête dévoilée ? Qui parmi elles, seraient assez lucides pour se dissocier d’une certaine aliénation derrière le voile quand il est imposé à des jeunes filles ?

Voilà une occasion qui se présente à toutes ces femmes musulmanes voilées pour donner un autre sens à ce voile devenu l’objet d’amalgame par excellence.

Se défaire de son voile, le temps d’une marche, est un geste qui me paraît nécessaire dans les circonstances parce qu’il va dans le sens même de la foi de ces femmes croyantes. Je les invite à poser ce geste symbolique pour rappeler d’abord ce en quoi elles devraient croire profondément, à savoir que Dieu seul donne la vie et Dieu 10 seul peut la retirer. Le prophète des musulmans n’a t-il pas dit qu’une personne qui tue une autre personne tue l’humanité toute entière. Je les invite à se défaire de leurs voiles pour rappeler aussi qu’elles sont tout aussi libres de le porter que de l’enlever.

Elles sont nombreuses ces femmes musulmanes voilées qui ne manquent pas une occasion médiatique pour affirmer qu’elles portent leurs voiles par libre choix. Au nom même de cette liberté, je les invite à l’enlever pour une bonne cause. Celles qui pensent qu’elles n’ont de compte à rendre à personne, le meurtre d’Aqsa doit leur rappeler que certaines femmes ne sont pas au même degré d’exercice de leur liberté.

En invitant des femmes musulmanes voilées du Canada à une telle démarche, il ne s’agit nullement de ma part d’appuyer ou non le port du voile. Mais devant les multiples significations que le voile projette depuis la crise déclenchée en France il y a 4 ans, il est peut-être temps de saisir une occasion pour donner au voile, le hijab (appelez-le comme vous voulez) un autre sens que celui de la soumission. Quels que soient ses arguments, en tuant sa fille, Muhammad Parvez réconforte maintenant tous les arguments qui associent le voile à la soumission. C’est cette association qu’il faut dénoncer.

À ces musulmanes voilées, je ne suggère pas de renier leur foi ni de déchirer leurs voiles publiquement. Au risque de me répéter, je crois que la meilleure façon pour elles de ne pas cautionner ce crime est de poser un geste de liberté symboliquement frappant.

Le meurtre d’Aqsa Parvez me paraît aussi grave que la tuerie de Polytechnique. Qui mieux que des femmes portant le foulard islamique pour le dénoncer publiquement, en laissant tomber leurs voiles. Libre à elles de le porter à nouveau ou de le laisser tomber à jamais. L’important est de marquer l’imaginaire collectif par un acte de liberté. Ce même acte qu’une jeune fille de 16 ans a payé de sa vie.

Si elles ne sont que trois ou quatre femmes musulmanes voilées à répondre à cette invitation, le combat solitaire d’Aqsa n’aura pas été vain.

Si j’étais une femme musulmane voilée, voilà ce que j’aurais fait. Parce qu’en tuant Aqsa Parvez, on a tué une partie de moi-même… 

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