BloguesVol de temps

Le chat de la terrasse!

Ramadan 2015. Rupture du jeûne!
Jour 24.

1

Pour une courte visite chez une membre chère de la famille à Casablanca, je me suis trouvé dans un quartier où j’ai beaucoup de souvenirs, notamment sur les terrasses où, enfant, j’aimais jouer avec d’autres enfants du quartier et des chats!

Un quartier dont le nom est fort intriguant, Derb Lihoudi qui veut dire en arabe « La rue du juif ». Pourquoi ce nom ? Aucun des habitants actuels à qui j’ai posé la question n’avait la bonne réponse. Certains pensent simplement qu’anciennement leur quartier « Comme le nom l’indique » était habité par des marocains de confession juive.

En réalité le terme « Lihoudi » est une déformation d’un prénom, Odil.

Odil Martinet a bel et bien existé. Il n’est pas juif. Il est chrétien et le fils de Pierre-Auguste Martinet. D’ailleurs, à l’origine, ce quartier portait le nom de Martinet. C’est son fils Odil, promoteur immobilier, comme son père, qui a agrandit le quartier et j’imagine que dans l’oreille de certains marocains, va savoir pourquoi, Lihoudi passait mieux qu’Odil.

Aujourd’hui, le quartier est composé de la partie qu’on appelle Le Houbouss, construite par le père, Pierre-Auguste et celle qu’on appelle « Derb Lihoudi » construite par le fils, Odil.

Comme les images l’indiquent, les deux parties du quartier sont d’architectures différentes. Le Houbouss, construit bien avant 1956, date de l’indépendance, représente une alliance entre tradition et urbanisme moderne. Ce quartier reproduit tout ce qu’on retrouve dans une vieille médina, un bain turque, une mosquée et des maisons au style andalou. Plus tard un grand Mahkama du Pacha (palais de justice) a été construit dans un style andalou-Mauresque (aujourd’hui convertit en tribunal administratif).

Au début, le Houbouss était destiné à loger une population rurale qui venait chercher un emploi à Casablanca. Rapidement, des familles plus aisée se sont emparées de ce quartier. Voilà pourquoi Odil a construit l’autre partie du quartier, plus modeste, qui porte son prénom déformé.

Mais l’histoire de la famille Martinet ne s’arrête pas là. Le fils d’Odil, n’est nul autre que Guy Martinet. Historien et archéologue, connu aussi pour avoir farouchement lutté pour l’indépendance du Maroc. Même après l’indépendance, Guy a milité pour un Maroc de droits et de démocratie. Il a même participé aux émeutes de 1965 à Casablanca. Il fût arrêté puis relâché après 24 heures.

Guy Martinet avait deux passions, l’histoire et l’archéologie. Mais sa plus grande passion, c’était le Maroc à qui il a consacré plusieurs ouvrages collectifs.

Décédé en 2003 à l’âge de 83 à Montpellier, il avait tenu à ce que son corps soir ramené au Maroc.

On apprend des choses sur la terrasse d’une vielle maison, d’un vieux quartier, juste avant la rupture du jeûne, en jasant un brin, avec un chat!

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

toit37

21

22

23

24

25

26

27

28

———-

——

PS: Pour mieux apprécier les images, il suffit de cliquer sur la photo pour la voir en plus grande taille.