Dimanche soir, après les attentats de Paris, dix chasseurs-bombardiers français ont largué 20 bombes à Raqa, visant DAECH! Combien de civiles tués ? Le communiqué ne le dit pas ou n’ose pas le dire.
En mai dernier, le bombardement aérien de la coalition dans le village de Birmahle près d’Alep a fait 52 morts civiles. Aucun soldats de DAECH visés, n’a été tué.
Et je lis ce commentaire sur le site CANALFRANCE.INFO: « c’est triste de tuer des innocents ». Triste, le mot est faible. C’est un crime de guerre. Un crime contre l’humanité. Aussi grave et aussi lâche que celui de Paris.
Que ce soient les attaques terroristes ou les bombardements aériens de la coalition en Syrie, quand cela tue des civiles, la moindre des choses est de réagir avec force.
Les réactions d’indignation ne sont jamais aussi fortes quand les victimes de la barbarie sont un peu plus loin de nous.
Si ce n’est pas barbare de tuer 52 civiles syriens dont beaucoup d’enfants, dîtes-moi ce que c’est ?
Ce n’est pas parce que la guerre en Syrie a fait 250 mille morts, depuis 2011, que 52 de plus, tués en notre nom, perdent leur dimension humaine.
Si l’humanité est une et indivisible, elle a l’occasion de le prouver à partir de tous les malheurs y compris celui de Barmahle!
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Compassion à géométrie variable!
Dans une lettre au Devoir, Monsieur René Bolduc, laisse entendre qu’il est normal pour des québécois de se sentir plus proche de la tragédie à Paris que les autres tragédies dans le monde, « nous sommes ainsi faits que nous nous inquiétons d’abord pour nos proches avant de nous inquiéter pour nos frères humains plus éloignés de nous ».
Mais bien sûr! Il a raison Monsieur Bolduc.. Néanmoins, s’il devait aller au bout de son analyse et nommer les choses par leurs noms, il aurait appelé cela aussi de l’ethno-centrisme. Du tribalisme. Je me sentirais toujours plus touché par ce qui arrive à ma tribu qu’à la votre.
En poussant plus loin l’analyse, ne devrais-je pas conclure aussi que c’est à cause de cet esprit tribal instrumentalisé, que des guerres ont été déclenchées ? Que des armes sont vendus et que des être humains innocents sont tués ?
S’il est normal de ressentir une plus grande émotion quand les victimes du terrorisme sont plus proches de nous par les liens du sang, de la culture, de la langue ou de la religion, ne serait-il pas aussi noble de notre part de se mettre dans la peau de « nos frères humains plus éloignés de nous » , qui souffrent encore plus que nous, parce que le terrorisme, la guerre, les injustices les frappent au quotidien ?
Les 130 victimes des attentats de Paris, ne devraient-ils pas donner un visage plus humain aux autres victimes de l’horreur dans le monde ? Les 250 mille morts de la Syrie, les milliers de morts à Gaza, les 12 millions de morts au Congo, Sinaï Bamako, Kenya… La liste est longue.
On ne le dira jamais assez! L’humanité est une et indivisible, elle a l’occasion de le prouver à partir de tous les malheurs y compris celui de Paris! Y compris celui de Barmahle!
Ceci dit!
Pas besoin d’être français ou avec des origines françaises pour être attaché à la France et particulièrement à Paris.
J’ai rencontré Paris la première fois un 14 juillet. J’avais 20 ans. Un rendez-vous amoureux que je lui avais donné quelques mois auparavant!
J’y suis resté une journée entière. Le temps de voir « Giselle » à l’Opéra, de regarder « Le Dernier métro » et conclure ma journée devant la Brasserie Lipp où Mehdi Ben Barka avait été enlevé 15 ans auparavant par d’autres sortes de terroristes.
« The last time I saw Paris » est une de mes chansons préférées, quelque soit son interprète, Julies Andrews, Dinah Shore, Teri te Kanawa ou Dean Martin.
Mais je vais arrêter là, parce que faire dans l’émotion et la nostalgie, faire cela rien que cela après de tels malheurs, c’est jouer le jeu de certains pouvoirs politiques et médiatiques qui s’acharnent à nous détourner de l’urgence de réfléchir..
Pour sauver d’autres vies humaines, qu’elles soient proches ou éloignées!
Qu’elles soient de Paris ou de Bermahle!