Marine: Ce qu'il fallait lui rappeler!
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Marine: Ce qu’il fallait lui rappeler!

L’entrevue de Marine Lepen accordée à Anne-Marie Dussault a été regardée par plusieurs comme un match de boxe à l’issu duquel Marine serait sortie grandement gagnante.

Si Marine a gagné effectivement sur la forme, sur le fond, c’est une grande perdante. Derrière la combativité qu’elle dégage dans ses interventions publiques, Marine incarne la peur.

Sa prétendue lucidité est le fruit d’une peur profonde de l’inconnu.  Tout son capital politique est construit sur la peur de l’autre.

Marine n’est pas la seule à construire un programme politique sur la peur.  En France comme ici au Québec, d’autres politiciens essayent de suivre son modèle en cachant mal leurs stratagèmes.

Par ailleurs, si Marine a le mérite d’être claire en désignant l’immigrant qu’elle considère comme obstacle au progrès et à la paix sociale, elle n’est pas moins confuse dans ses arguments.

Sa confusion s’est exprimée lorsque dans l’entrevue avec Anne-Marie, cette dernière a eu la pertinence de soulever la politique d’accès à l’emploi dans le programme du Front National qui donne priorité aux nationaux.  Marine a répondu que l’immigrant a le privilège d’avoir deux pays et donc, deux fois plus de chance de trouver un travail.  Elle a dit qu’elle ne voit pas de racisme dans cette politique. Elle a même osé qualifier sa politique de « bon sens ».

Marine qui prétend vouloir combattre, corps et âme, le communautarisme en France, avec une telle politique, elle ne fait que le nourrir dangereusement. En envisageant créer des citoyens de seconde zone, elle institutionnalise le racisme. Elle consacre le communautarisme qu’elle prétend combattre.

Cette contradiction flagrante, on la retrouve souvent dans le discours des identitaires.  On exige l’intégration de l’immigrant, voire son assimilation, tout en continuant à le considérer comme l’autre, comme de la visite! 

Faut-il rappeler aux fans du discours de Marine, que la majorité des immigrants s’ils avaient le choix, ils seraient restés chez-eux.

Faut-il rappeler que s’ils ne restent pas chez-eux, c’est parce que des conditions sociales, politiques et économiques les poussent à l’exil.

Faut-il rappeler que ces conditions sont sciemment entretenues pour empêcher des peuples d’accéder aux développements et au progrès.

Faut-il rappeler que des pays d’accueil comme la France ont joué et jouent toujours un rôle très important pour maintenir ses anciennes colonies dans le sous-développement.

Faut-il rappeler que la France a été complice de la disparition de grands leaders progressistes dans ses anciennes colonies dont plusieurs sont devenus des régimes autoritaires.

Faut-il rappeler à la France que si elle ne veut plus accueillir la misère du monde, qu’elle cesse d’y participer.  Qu’elle cesse ses intrusions dans les affaires internes des pays indépendants.

Faut-il rappeler à Marine et ses sympathisants que la France exploite la misère du monde plus qu’elle ne l’accueille. (L’Afrique est le grenier de la France).

Faut-il rappeler que la France n’aime la démocratie que pour elle-même.

Si j’étais à la place d’Anne-Marie Dussault, c’est cela que j’aurais rappeler à Marine qui oppose aux valeurs de l’égalité celle de l’identité (J’y reviendrai).

Quand un politicien dit une chose et son contraire sur un sujet aussi important que le vivre-ensemble, le rôle du journaliste est de le relever.

Il n’y a pas plus communautaristes que certains identitaires (Dont Marine est la représentante suprême) qui réduisent un citoyen à son statut d’immigrant et à son appartenance religieuse.

La politique est devenue, plus jamais, l’art de se servir de l’immigrant. Marine et ses sympatisants en tire un Front succès.  Pour l’instant!