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PKP raconté à mon concierge!

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Je suis à Rabat et chaque matin, en sortant mon sac à la grande poubelle du coin de la rue, je croise mon concierge avec qui je jase un brin.

– PKP a démissionné.

– C’est qui PKP ?

Mon concierge ne connait pas le dernier chef du PQ. Pourtant, il connait beaucoup de gens influents. Des médecins, des avocats, des hommes d’affaires et même quelques parlementaires. Il lave leurs voitures. Il sort leurs poubelles. Il conduit leurs enfants à l’école.

Diplômé en droit, mon concierge n’a jamais passé l’examen du barreau. Comme PKP, lui aussi a fait un choix, sa famille avant tout. Mais il a gardé un regard curieux sur la politique d’ici et d’ailleurs!

– Pierre-Karl Péladeau est un homme qui avait un rêve plus grand que lui. Il voulait entrer dans l’histoire comme le libérateur d’un peuple. Parce qu’il est riche, très riche, des souverainistes au Québec ont cru que c’est un atout majeure pour accéder à l’indépendance.

– Faire face au fric par le fric!

– Exactement, pour faire face au fédéralisme canadien, qui a toujours été supporté par des riches, très riches, des souverainistes se sont dit: « PKP n’a pas de passé ni aucune expérience en politique, mais il a du fric. Symboliquement ça compte ».

– Pourquoi il a démissionné alors ? Le symbole ne comptait plus ?

– C’est peut-être la leçon à retenir. Plus important que l’argent, la politique exige d’abord de la politique. PKP a retenu sa propre leçon: Plus important que l’argent et la politique, c’est la famille. PKP a fait comme toi. Il a décidé de défendre sa famille d’abord.

– Ta comparaison ne serait pas boiteuse ?

– En apparence, elle est boiteuse. Lui, il a de l’argent. Toi, tu en as un peu moins! Mais tous les deux vous avez peur de rater l’éducation de vos enfants. Tous les deux vous aimeriez être, pour eux, un modèle à suivre.

– Je connais pas le Québec, mais je connais le Maroc.  Pour obtenir notre indépendance, les marocains ont sacrifiés beaucoup de choses et beaucoup de vies. On ne fait pas l’indépendance sans sacrifices.

– Tu as raison. Peut-être que PKP a pris soudain conscience que les québécois n’étaient pas prêts au sacrifice, du moins la majorité. Dans sa réflexion, il est arrivé peut-être à la conclusion « Et si je ne réussis pas le pays, j’aurais sacrifié ma famille pour rien ».

– En principe, on fait un pays pour les enfants. Pour les générations futures.

– Oui, mais à condition que faire le pays soit un objectif partagé par tout le monde ou presque.

– Donc PKP a pris conscience qu’il était en train de sacrifier sa famille pour une cause perdue.

– Je dirais même que si sa cause avait le vent dans les voiles, on ne serait pas en train de parler de sa démission. Le mouvement souverainiste au Québec n’a jamais été aussi divisé. Chose certaine, il n’est pas l’homme providentiel, l’homme rassembleur, comme on lui a fait croire.

– Et toi, tu y croyais ?

– Moi, je suis plutôt du genre à croire que ce sont les peuples qui font les hommes ou les femmes providentiels qui, à leurs tours, font les peuples. La démission de PKP est à l’image d’un peuple incertain devant son projet national.  Pour tout dire, je ne suis pas surpris de sa démission.

– Tu semble soulagé pour lui.

– Pour lui, certainement. Pour ses enfants surtout. Sans oublier la mère de ses deux enfants qui n’aura pas à payer le prix d’une conception patriarcale de l’exercice politique. Mais pour le Québec, j’espère que cette perte de temps, n’en est pas tout à fait une. J’espère que cette démission sera l’occasion d’une réflexion profonde pour tous les québécois. Souverainistes ou pas.

– Le jour ou je devais passer l’examen du barreau, j’ai eu peur. Peur de me perdre. D’où je viens, il y a pas d’avocats. Je rêvais d’être le premier. Mais mon intuition me disait que j’allais me perdre dans un monde qui n’est pas le mien. Il m’arrive de le regretter, quand j’ai des problèmes d’argent. Mais ça ne dure pas longtemps..!

– D’où tu viens, ne te destinait pas au barreau. D’où vient PKP le destinait à ne pas rater sa famille. Il est le fils d’une mère qui s’est suicidée alors qu’il avait 14 ans et d’un père dont le principal souci était beaucoup plus de construire un empire de presse qu’une famille.

– PKP a donc pris une bonne décision.

– Il reste aux Québécois d’en prendre une autre décision.

Un jour.