Ils sont sortis au large à 4h du matin. Ils sont revenus vers 11h. Ils ont vendu le fruit de leurs pêches. Puis, ils sont rentrés chez eux pour la sieste. Ils ont laissé derrière eux des barques que le temps, le vent et le sel n’a pas ménagé.
Ce sont les pêcheurs de Bouznika.
En cette cinquième journée de Ramadan, rien ne change dans leurs habitudes de travail. Ramadan ou pas, il répondent toujours à l’appel de la mer. « Notre pain se trouve là ».
Ils sont tous à la sieste sauf Lahlou et ses deux assistants. Ils remettent de l’ordre dans leurs filets tout en chantant des vieilles chansons.
C’est Lahlou qui m’a fait signe de la main pour le prendre en photo. Je ne refuse jamais cette demande à un pêcheur.
« Elles sont belles nos barques, nous sommes beaux aussi ».
Et puis vient la question banale. La même que je pose chaque fois que je croise un pêcheur « Depuis quand êtes-vous dans la pêche? ».
« Je suis né dedans. Mon père s’est installé ici. Il a quitté Settat et la tribu de Oulad Saïd. Il est devenu pêcheur. À ma naissance j’étais destiné à ce métier. Je ne le changerais pour rien au monde ». Pourquoi les pêcheurs ne changeraient leur métier pour rien au monde ?
« C’est vrai que notre pain se trouve là bas. Mais notre bonheur aussi ».
On dit que c’est à Bouznika qu’on trouve le meilleur poisson au Maroc. « C’est vrai et je vais vous dire pourquoi. À Bouznika le fond de mer est rocheux. C’est la meilleure condition pour un poisson propre. Ici, les gens vient de très loin pour acheter notre poisson. D’ailleurs, si tu es ici ce n’est pas juste pour prendre des photos de nos barques.. »
Je suis ici parce que vos barques mon cher Lahlou sont les plus belles que j’ai croisées. Elles sont vieilles, elles sont fatiguées, elles ont donné beaucoup et depuis longtemps. Je suis ici pour les saluer et leur rendre hommage.
Continuez à en prendre soin!
(Ramadan 2016. Jour 5)
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