De Ramadan en Ramadan, je retrouve de moins en moins cette tolérance qui devrait en principe caractériser ce mois sacré.
Je vois plutôt de plus en plus de gens se prendre pour Dieu et s’introduire dans ce qui ne les regardent pas!
Leur foi en Dieu est à ce point faible qu’ils devraient ne plus croire en son existence. Alors, ils imposent un autre Dieu. Un Dieu à leur image.
Un Dieu Vengeur, un Dieu Punisseur, Culpabilisant, Haineux. Rien à voir avec celui qu’on leur a enseigné pourtant. Le Dieu d’Amour, Dieu de Pardon, Dieu le Miséricordieux.
Ça ne sert à rien de leur rappeler ces paroles sacrées du Coran: « il y a pas de contrainte dans la religion » ou « Nul pécheur ne portera les péchés d’autrui ». Ils n’y croient plus. C’est de peur qu’ils nourrissent leur foi. La peur que leur « Islam » disparaisse.
J’ose croire que cet « Islam » de peur, dans lequel je ne me reconnais pas, participe à son propre déclin.
En attendant, la peur, leur peur, se manifeste sous forme de haine. Une haine militante.
Dans plusieurs ville du Maroc, des citoyens ont dénoncé d’autres citoyens parce que ces derniers ont fumé une cigarette ou ils ont bu de l’eau alors qu’il faisait très chaud.
Dernièrement, à Marrakech un militant des droits humains aurait été harcelé et menacé par ses voisins qui l’accusent de déjeuner, en plein jour, chez-lui!
Même dans des pays non musulmans comme en France, on signale des violences commises par des jeuneurs, notamment à Nice où la justice a condamné un homme à 8 mois de prison pour avoir giflé une serveuse musulmane qui servait de l’alcool.
La police morale s’est investie d’une mission. Être plus musulman que le musulman. Et pour l’accomplir, elle a pour soutien un article du code pénal qui valide son action, le 222.
Au nom de ce code et avec sa bénédiction, il ne passe pas un jour, durant ce Ramadan, sans qu’un citoyen agisse au nom de la majorité pour exercer sa tyrannie sur une minorité. Une minorité de moins en moins minoritaire!
Bientôt le législateur marocain aura à trancher sur certains articles de loi qui menacent la paix sociale au Maroc.
De Ramadan en Ramadan, je retrouve de moins en moins, au Maroc, ce respect de la liberté de conscience de l’autre, dont j’ai été, jadis, témoin.
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Ce matin, en classe (fin d’année, peu d’élèves: 6 filles de 15 ans, 3e, péri-banlieue parisienne) Ca s’est mal passé toute l’année (travail et relations)… Par ailleurs, en France, les débats identitaires lancés en 2007 par Sarko ont laissé des traces… L’origine (géoethnique, religieuse) commande tout, mais sans apaiser… Elles m’ont questionnée sur mon identité (religion, origine); après, même en tâtonnant, on a réussi à parler un peu de religion (puisqu’elles le voulaient) de façon ouverte, apaisée, à partir de nous-mêmes et non plus des stéréotypes … Un bref moment d’échange… fragile. Même le Ramadan elles n’en parlaient plus de la même façon, n’en faisaient plus un étendard mais quelque chose en relation avec elles-mêmes.
En France, les tensions se sont exaspérées depuis quelques années, je trouve… Dans les deux sens. Des absurdités, des méchancetés… Les Musulmans s’en prennent de dures… Et en renvoient certaines…
Je me rappelle, quand j’étais prof dans un petit lycée algérien d’Oranie, que des élèves m’avaient posé des questions, voulu connaître les prières et les fêtes chrétiennes… Par intérêt… C’était juste avant l’assassinat de Boudiaf, et les razzias terroristes.
Le combat de la tolérance est ingrat, à faire chaque jour à partir de rien, sans qu’on sache trop s’il marche. Il n’a rien de glorieux et on se prend des crachats…
Mais la brutalité de l’intolérance me fout tellement la trouille… ! C’est la tolérance ou le suicide (car je crains l’avenir)