Ramadan karim, mais Karim ne fait plus Ramadan!
On m’a parlé de cet endroit public où on mange publiquement, sans prendre le risque d’être agressé. Je voulais le voir pour le croire. C’est ainsi qu’en ce dernier jour de Ramadan j’ai croisé Karim au McDonald’s.
Depuis un mois, il s’y rend presque chaque jour. Il ne prend jamais plus qu’un café « Ici, personne ne jette de regards assassins sur les déjeûneurs comme moi. Mais en quittant Macdo, j’ai parfois l’impression de passer d’une zone de paix à une zone de guerre ».
C’est quand-même étrange que le symbole de la mal bouffe, devienne, durant le mois de Ramadan, un lieu où on pratique la tolérance. « Ce que tu appelles tolérance n’est que marketing. Macdo s’en fout du respect de ma liberté de conscience. Regarde sur le mur »
Pour ne pas être tenu, en aucun cas, responsable d’une infraction à la loi, McDonald’s Maroc rappelle sur une affiche que « Le fait de manger dans un lieu public est régi par des lois en vigueur dans le Royaume ».
« Je n’ai jamais vu un policier entrer ici pour arrêter un déjeûneur. Comme si on était en dehors du territoire marocain! J’aurais tellement préféré, à cet instant, être dans un resto marocain en train de manger un tajine. Le jour ou ça arrivera, Ramadan sera alors karim (généreux) ».
Je demande à Karim s’il n’a pas essayé de manger son tajine au resto du cinéma 7me Art, ouvert le jour durant Ramadan « Oui, j’ai essayé. On m’a dit que l’entrée est réservée aux non musulmans, aux femmes, aux personnes âgées, mais pas à moi. Parce que d’après le serveur à qui j’ai demandé une explication, ça se voit que je suis musulman! ».
Élevé dans une famille marocaine traditionnelle, la distance de Karim avec la religion est récente. Son combat pour les libertés individuelles au Maroc l’a amené à se questionner sur sa liberté de conscience. Il est arrivé à la conclusion qu’il était temps pour lui d’être cohérent avec lui-même. Il ne pratique aucune autre obligation religieuse, pourquoi devrait-il faire exception avec Ramadan ? Karim ne renie pas pour autant son appartenance à la culture musulmane.
« Cette appartenance ne doit pas définir tout ce que je suis. S’il est vrai que le Coran stipule qu’il n’existe aucune contrainte dans la religion, ni le serveur d’un resto, ni personne ne devraient avoir le droit de se mêler de ma conscience. C’est quand-même ironique que ça se soit au McDonald’s, symbole de capitalisme américain et de mondialisation, qu’on retrouve l’esprit de la phrase coranique (Nul contrainte en religion) ».
Sur cette ironie, j’ai quitté Karim en lui souhaitant de passer de joyeux moments avec sa famille à l’occasion de l’Aid. Pratiquants ou non pratiquants, l’Aid ne devrait exclure personne.
Aid karim!
C’est quand même un monde, n’est-ce pas!… Tout ce boucan qu’on fait autour du ramadan. Entend-t-on jamais un media canadien ou état-unien annoncer le début du carême chez les chrétiens pas exemple?… Pourquoi cette fixation sur les pratiques musulmanes? Entre vous et moi, je m’en fous du ramadan comme je me fous du carême et je ne comprends pas pourquoi on me bassine à chaque année avec cette pratique étrangère à une très grande majorité e la population incluant un très grand nombre de musulmans. Il m’arrive de penser qu’il y a une sorte de conspiration pour garder l’islam dans les médias et dans la tête des gens! Rien à foutre des superstitions religieuses!