Si le combat contre le multiculturalisme canadien est légitime, celui contre les mutilations génitales féminines a besoin de tout notre soutien et pas seulement le temps d’une polémique à propos d’une déclaration ambiguë d’un premier ministre sur le sujet.
Au nom de principes humanistes et des droits fondamentaux à la dignité, c’est notre devoir en occident, de jouer un rôle important pour éliminer l’excision dans le monde. Maintenant que la polémique sur la déclaration ambiguë d’un premier ministre commence à s’estomper, le combat contre les mutilations génitales féminines se poursuit. À nous de l’accompagner et de le soutenir.
On ne le dira jamais assez que l’excision est une pratique barbare et absolument inacceptable. Elle perdure encore dans plusieurs pays. Des personnes, dont la sociologue Aoua Boucar Ly, ont dédié leurs vie afin de sensibiliser les opinions sur le danger d’une telle pratique et ses conséquences sur des millions de femmes, particulièrement en Afrique.
Le célèbre gynécologue Denis Mukwege, connu pour avoir opéré des milliers de femmes victimes de viol au Congo, s’attaque maintenant à l’excision au Burkina Fasso. Depuis plus d’un an, il dirige le projet d’un hôpital dans un village burkinabais, qui aura pour fonction de soigner les femmes des séquelles de l’excision.
D’après les Nations unies, on estime que près de 140 millions de femmes dans le monde auraient payé de leurs vies l’acharnement d’une telle coutume. Une coutume tribale qui ne relève, d’ailleurs, d’aucune religion.
Lentement, mais sûrement, les campagnes de sensibilisation et de prévention ont donné leurs fruits. Au Sénégal, où l’excision est interdite par la loi depuis 1999, on s’est donné l’objectif d’éliminer la pratique en 2015. Des centaines d’éxciseuses ont déposé leurs couteaux. Des pères sénégalais dont les filles ont été excisées sans leurs accords se joignent aux manifs contre l’excision.
Peut-être qu’elle n’a pas totalement disparu du Sénégal, mais pour la majorité des sénégalais, l’excision est maintenant l’affaire d’un passé obscurantiste. Cette bataille pour changer les opinions n’est pas encore gagnée dans tous les autres pays où persistent encore les mutilations génitales féminines.
Et si la controverse provoquée par une déclaration ambiguë d’un premier ministre canadien sur l’excision devait servir à quelque chose, peut-être de mettre notre indignation au service d’une action.
Comme dirait l’Abbé Pierre « L’indignation pourrait avoir beau jeu de nous donner bonne conscience. Pourtant, elle ne dispense pas de l’action ».