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Quand je suis arrivé chez-elle, elle était déjà partie. Mais la pochette rouge de son album m’attendait au bord de la porte. Des poètes amis m’en avaient parlé. Mais je ne le trouvais nul part. L’ultime recours pour y mettre la main, c’était d’appeler son auteure. Ce que j’ai fais. Cinq minutes plus tard, elle fredonnait au bout du fil un extrait de cette chanson que j’ai par la suite intégrée dans plusieurs de mes émissions.
Québékiss a été mon album de chevet au début des années 90. Déjà dans les années 70, certains critiques le qualifiaient de Woodstock québécois. Produit en 1971, quelques mois après la crise d’octobre 70, Québekiss incarnait cette résistance québécoise qui ne se laissait pas intimider par les mesures de guerre, d’où le titre « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ». L’interdiction de Québkiss des radios fut immédiate. Il fallait attendre quelques années plus tard avant que des radios communautaires le réhabilitent.
Je me suis promis qu’un jour, j’allais rappeler Marie Savard pour la remercier de m’avoir confié son oeuvre. En numérisant les vieilles émissions Souverains anonymes, je suis tombé sur elle chantant « Mon homme est en chômage ». Je fais donc ma recherche sur Internet pour essayer de la retrouver et lui exprimer mon admiration, pour lui dire MERCI. C’est ainsi que j’ai appris sa mort en 2012.
La mort d’une grande dame du Québec serait passée inaperçue. J’entends certains se demander « Mais c’est qui Marie Savard ? » . Elle était poète, chanteuse, auteure dramatique, scénariste, éditrice et une grande féministe. Au début des années 60, elle est la première femme au Québec à présenter de la poésie chantée, ce qu’on a appelé par la suite du spoken Word. Gilles Vigneault comptait parmi ses admirateurs. Claude Gauthier partageait souvent la scène avec elle dans des boîtes à chansons.
Médiatiquement, le nom de Marie Savard n’a jamais raisonné aussi fort que celui Renée-Claude, de Clémence ou de Denise Boucher, encore moins que celui de Jannette. Et pourtant, Marie Savard, n’est pas moins importante que ces femmes. Sa contribution à la culture québécoise des 50 dernières années, est grande.
Allons-nous faire d’elle une remarquable oubliée ?
Québékiss a été mis en musique par Claude Roy, réalisé par Robert Blondin. La participation de Michel Chartrand dans l’album est remarquable. Tous les textes ont été écrits et chantés par Marie Savard, parfois avec le concours d’une chorale.
PS: Écoutez la vidéo ci-haut: « Mon homme est en chômage » est à 8mn 55′.
Avec Marie et Claude Roy, nous étions une trentaine de «communards» à mettre nos voix et nos colères à la réalisation de ce disque-manifeste. Dans un studio prêté par Tony Roman…
La censure a bien fait son oeuvre. Né en novembre 1967, j’étais pas vieux en 1971. Ma mère qui était une artiste de la chanson inconnue du grand publique, interprète dans les métros de Montréal, c’est le plus près qu’elle est pu être d’une chanteuse professionnelle reconnue. Elle était tout de même très professionnelle et une chercheuse acharné. Je ne me souviens pas d’avoir vu ce disque dans sa grande collection. C’est un partage de cette page sur fb qui me fait connaître Marie Savard et Québekiss. Merci à vous.
Merci monsieur Lotfi pour ce papier ! Marie Savard était une grande artiste !
Je vous invite à visiter sa page facebook (Marie Savard 1936-2012) qui commence à prendre forme tranquillement… Après sa période de chanteuse, il y a eu plusieurs recueils de poésie… son dernier, « Oratorio », en 2007. La création a été essentielle dans sa vie, jusqu’à la fin…
Je l’ai rencontrée en 1967 à Mtl à l’émission de Radio-Canada « Jeunesse Oblige ».J’avais gagné le concours « 28 jours » avec un poème.Elle était sur le jury.
On était toutes les 2 enceintes de nos filles.
Des beaux souvenirs pour moi…XXX
Oublier marie Savard? Jamais ! Comme beaucoup d’être brillants et fragiles elle était modeste, trop intelligente pour être vaniteuse et beaucoup plus assoiffée de tendresse et de justice que de pouvoir et de renommée.
Beaucoup ont profité de son talent, si elle en a parfois souffert, Marie a su rester elle-même, bien au dessus des chicanes et des mesquineries. Son oeuvre est magique.
Qui se rappelle également, à l’instar de Marie Savard, des Isabelle Pierre, Nicole Perrier, Marie Philippe : toutes de merveilleuses oubliées…