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Marie Savard 1936 – 2012

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Quand je suis arrivé chez-elle, elle était déjà partie. Mais la pochette rouge de son album m’attendait au bord de la porte. Des poètes amis m’en avaient parlé. Mais je ne le trouvais nul part. L’ultime recours pour y mettre la main, c’était d’appeler son auteure. Ce que j’ai fais. Cinq minutes plus tard, elle fredonnait au bout du fil un extrait de cette chanson que j’ai par la suite intégrée dans plusieurs de mes émissions.

Québékiss a été mon album de chevet au début des années 90. Déjà dans les années 70, certains critiques le qualifiaient de Woodstock québécois. Produit en 1971, quelques mois après la crise d’octobre 70, Québekiss incarnait cette résistance québécoise qui ne se laissait pas intimider par les mesures de guerre, d’où le titre « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ». L’interdiction de Québkiss des radios fut immédiate. Il fallait attendre quelques années plus tard avant que des radios communautaires le réhabilitent.

Je me suis promis qu’un jour, j’allais rappeler Marie Savard pour la remercier de m’avoir confié son oeuvre. En numérisant les vieilles émissions Souverains anonymes, je suis tombé sur elle chantant « Mon homme est en chômage ». Je fais donc ma recherche sur Internet pour essayer de la retrouver et lui exprimer mon admiration, pour lui dire MERCI. C’est ainsi que j’ai appris sa mort en 2012.

La mort d’une grande dame du Québec serait passée inaperçue. J’entends certains se demander « Mais c’est qui Marie Savard ? » . Elle était poète, chanteuse, auteure dramatique, scénariste, éditrice et une grande féministe. Au début des années 60, elle est la première femme au Québec à présenter de la poésie chantée, ce qu’on a appelé par la suite du spoken Word. Gilles Vigneault comptait parmi ses admirateurs. Claude Gauthier partageait souvent la scène avec elle dans des boîtes à chansons.

Médiatiquement, le nom de Marie Savard n’a jamais raisonné aussi fort que celui Renée-Claude, de Clémence ou de Denise Boucher, encore moins que celui de Jannette. Et pourtant, Marie Savard, n’est pas moins importante que ces femmes. Sa contribution à la culture québécoise des 50 dernières années, est grande.

Allons-nous faire d’elle une remarquable oubliée ?

Québékiss a été mis en musique par Claude Roy, réalisé par Robert Blondin. La participation de Michel Chartrand dans l’album est remarquable. Tous les textes ont été écrits et chantés par Marie Savard, parfois avec le concours d’une chorale.

PS: Écoutez la vidéo ci-haut: « Mon homme est en chômage » est à 8mn 55′.

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