Je me souviens de Patrick Straram, le Bison ravi!
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30 ans après son départ, sa voix habite encore des lieux, des coeurs et des consciences. Mais qui s’en souvient ?
Qui se souvient de Patrick Straram ?
Dans les dix premières années après mon arrivée au Québec en 1982, j’ai eu l’honneur et le privilège de connaître de près, des hommes et des femmes aussi remarquables, aussi grands, aussi fervents, aussi passionnants et passionnés, aussi libres et aussi engagés que Gilbert Langevin, Gaston Miron, Denise Boucher, Pauline Julien, Pierre Vallières, Michel Chartrand, Gérald Godin, Monique Dussault, Jean Antonin Billard, Marie-Yvonne Kenderji, Arthur Lamothe, Armand Vaillancourt, Gilles Carles, Gilles Groulx et Patrick Straram dit le Bison ravi, pour ne citer que ceux-là.
Des rencontres que j’avais désirées, recherchées, provoquées et grandement appréciées. Chacune d’elles a grandement contribué à mon enracinement dans la terre du Québec.
Je me souviens de Gaston Miron dans sa bibliothèque personnelle en train de me lire un poème d’Adonis traduit en français et tout fièrement il attire mon regard sur la dédicace du grand poète syrien adressée à son cher ami et grand poète québécois.
Je me souviens de Gilbert Langevin quand il m’appelait d’un bar, à 3h du matin, parce qu’il tenait à laisser sur mon répondeur son nouveau poème qu’il m’avait lu deux heures auparavant..
Je me souviens aussi de Patrick Straram, au bar Blues clair, sur la rue Ontario « C’est très difficile de comprendre vivre, j’essaie de le faire comprendre », des paroles que le Bison ravi m’a confiées quelques mois avant de quitter la vie le 6 mars 1988 à l’âge de 54 ans.
Patrick Straram a voué toute sa vie à « la médiation et au dépassement ». Comme il était lui-même passionné de radio, j’ai organisé à sa mort des funérailles radiophoniques. Une très longue émission (7 heures) qui a vu défiler un grand nombre de témoins: Denise Boucher, Gilles Carles, Marie-Yvonne Kenderji et bien d’autres…
Patrick Straram croyait qu’une « vie vivable » était possible à condition de « concevoir une action commune ». Il avait « le don du verbe ». « Il avait le don de faire entrer la politique là où on imaginait pas que la politique pouvait entrer ». Il était et il est toujours « une présence continue dans l’âme des gens qui l’ont connu ».
En souvenir d’une époque formidable, au Québec, voici un reportage que j’ai réalisé pour l’émission Macadam tribu de Radio Canada, il y a 20 ans, accompagné de quelques images de l’époque.
Bison ravi et Macadam Tribu dans le même texte apportent du bonheur en souvenir et plein de sourires, Merci!
Au Blues Clair, je lui apportais du caribou haché. Il n’avait plus de dents. En souvenir de nos discussions à Parti Pris….
Je le vois encore assis au salon entouré de livres et de dictionnaires.
En bicyclette je partais au dépanneur du coin pour lui procurer sa boîte de cigares
Eldorado. Il voulait par moment venir avec moi assis derrière sur mon porte-bagage.
Je pourrais raconter plein d’anecdotes lorsqu’il était en convalescence chez sa conjointe la Laie ardente, ma mère.
Merci Annette.
ses cigares préférés c’était des el producto bleu que l’épicerie de mon quartier tenait pour lui, il y avait aussi son journal Le Devoir . il avait tous ses livres, tous ses disques autour de lui et son magnétophone , il enregistrait ses commentaires sur des pièces de blues et du jazz qui jouait dans le salon, commentaires ponctués de soupirs de bonheur. moi dans le sous-sol, j’entendais et j’ai appris à aimer le blues et le jazz. aujourd’hui, je partage les goûts de Patrick en cette matière et lorsque j’entends des pièces qui m’exulte, je penses à lui, Patrick pour toujours !