Pourquoi des fillettes deviennent la chair à canon d’une idéologie obscurantiste?
Mohamed Lotfi
« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. » Khalil Gibran.
Dimanche 29 avril à Montréal a eu lieu la cérémonie du voile organisé par le Centre Communautaire Musulman de Montréal. Comme à chaque année, des fillettes de 8-9 ans prêtent serment en jurant de porter le voile toute leur vie. Depuis 1979, c’est devenu une tradition, soi-disant chiite, en Iran. Apparemment, Montréal n’échappe pas à l’expansion d’une telle « tradition ».
Le 8 janvier 1936, le même pays qui oblige aujourd’hui toutes les femmes à porter le voile, a promulgué une loi pour interdir le port du voile (Kashf el hijab). L’objectif était de faire évoluer les droits de la femme, de moderniser et d’occidentaliser la société iranienne.
Quel monstre les humains ont-ils fabriqué privant (En 2018) des fillettes de la possibilité de choisir leur vie ? Comment pourraient-elles à un âge si jeune envisager l’avenir dans toute sa diversité ? Quel regard vont-elles porter sur les autres fillettes non voilées ? Drapées sous le voile, à leurs âges, quel rapport vont-elles avoir avec leurs corps ? Même si la plus part d’entre-elles, vont l’enlever, une fois adulte, mais au prix de quelles séquelles ?
Que s’est-il passé sur terre pour qu’on en arrive là ?
Ne cherchez pas la réponse du côté du ciel. Restez sur terre et informez-vous! Que s’est-il passé en Iran entre 1936 et 1979. Que s’est-il passé au Moyen-Orient entre 1979 et 2018.. Pourquoi le premier pays au Moyen-Orient à se doter d’un parlement en 1906, exporte aujourd’hui le taklif jusqu’à Montréal ?
Informez-vous!
À ceux ou celles qui seraient tentés de réagir à cet évènement par un regard identitaire crispé, avec toujours la même rengaine qui oppose les « nous-autres » aux « eux-autres », notez bien que des millions de musulmans dans le monde, dont des croyants-pratiquants, dénoncent cette pratique. Beaucoup de musulmanes en Iran osent braver les autorités en enlevant leur voile.
Pour certains, cet évènement est l’occasion de taper sur l’islam et les musulmans. Ça serait se tromper de cible que d’attaquer l’islam et les musulmans sans nuance et sans connaissance.
Toute religion transformée à des fins politiques devient autre chose qu’une religion. Les ayatollahs en Iran, les frères musulmans en Egypte, les wahhabistes en Arabie Saoudite (comme c’était le cas d’autres religions) on en fait un obscurantisme à plusieurs têtes, plusieurs formes et plusieurs complices. Nous avons ici une des conséquences de l’obscurantisme, des fillettes devenues la chair à canon d’une idéologie obscurantiste.
Mais, cet obscurantisme n’est pas tombé du ciel. Des conditions politiques et géopolitiques, historique et économique l’ont fabriqué de toutes pièces. Je me donne le devoir en tant que citoyen de ne pas être complice de l’obscurantisme, quel que soit sa forme. Mais au lieu de réagir devant le repli identitaire par un autre repli identitaire, je questionne l’obscurantisme, je l’interroge. J’essaye de comprendre comment on en est arrivé là ?
Dans le cas qui nous occupe, il faut remonter loin derrière. Le 8 janvier 1936, les femmes chiites iraniennes n’avaient plus le droit de porter le voile. Depuis cette date, il s’est passé beaucoup de choses en Iran. On a saboté la démocratie iranienne en 1954. On a provoqué un putsch contre le premier ministre élu. Les grandes puissances, anglaises et américaines, voulaient garder la main sur les richesses pétrolières du pays. Tous les coups encaissés par l’iran ont généré une haine de l’occident qui a été instrumentalisé par les Ayatollah. Cela a donné la révolution islamiste de 1979.
Ça prend du temps pour fabriquer l’obscurantisme. Combien de temps ça prendra pour le détruire ? Chose certaine, ce n’est pas en réagissant au repli par un autre repli qu’on y arrivera.
*** notez bien que des millions de musulmans dont le monde, dont des croyants-pratiquants, dénoncent cette pratique. Beaucoup de musulmanes en Iran osent braver les autorités en enlevant leurs voiles.
Pour certains, cet évènement est l’occasion de taper sur l’islam et les musulmans. Ça serait se tromper de cible que d’attaquer l’islam et les musulmans sans nuances et sans connaissances.
Toute religion transformée à des fins politiques devient autre chose qu’une religion. Les ayatollahs en Iran, les frères musulmans en Egypte, les wahhabistes en Arabie Saoudite (comme c’était le cas d’autres religion) ont en fait un obscurantisme à plusieurs têtes, plusieurs formes et plusieurs complices. Nous avons ici une des conséquences de l’obscurantisme, des fillettes devenues la chaire à canon d’une idéologie obscurantiste. ***
Pourquoi je lis autant de hargne, en défense du voile, justement, de la part de musulmans québécois? Pendant qu’ailleurs, ils se battent pour détruire l’obscurantisme ici, ils font tout le contraire… et entre deux, vous allez opter pour défendre l’indéfendable.
Je n’ai vu aucune hargne mais plutôt un très bon article informatif. Merci
Pourtant Joanne, la grande majorité des gens qui dénoncent les dérives islamistes dont le port du voile sont d’origine musulmane: Mohamed Lotfi, Djemila Benhabib, Nadia El Mabrouk, les membres d’AQNAL, Nabila Benyoussef, Karim Akouche, et beaucoup d’autres. Par contre la silence complice des médias et des politiciens québécois est assourdissant.
Nous Ici nous laissons faire cela.
C’est un geste de violence faite à ces jeunes filles: Choisir sans savoir ce que cette cérémonie va exiger d’eux.
Nous avons vécu les mêmes choses avec Le baptême, notre première communion,
nos prefessions de fois etc….
Nous ne devrions pas accepter cela au Québec en 2018.
A.Perreault
Absolument d’accord avec vous.
Superbe texte, tout en nuance et en pertinence. Le voile n’est pas forcément le signe de la soumission à l’homme. L’absence de voile ne signifie pas non plus une libération de la femme ou même un signe de féminisme. Forcer les filles à porter le voile, qui plus est à cet âge, les prive de leur liberté de choix. Forcer les femmes à se dévoiler constitue également une privation de la liberté. Il faut lutter contre les pouvoirs brimant les libertés, que ce soit les pouvoirs obscurantistes ou les États qui forcent les personnes à plier à une norme jugée « normale » pour un groupe. Questionner les replis identitaires, quels qu’ils soient, voilà la véritable manière de lutter et d’amener l’émancipation des citoyens. Bravo Lofti!
Défendre l’indéfendable.
Le replis identitaire dans un pays d’accueil est fait sous couvert d’un but politique et est subventionné par les états qui en font la promotion sous couvert d’association carritative et culturelle. Un meilleur contrôle est à souhaiter car le replis identitaire est source de communautarisme, de pauvreté par un manque d’intégration dans la société d’accueil. De vraie institution piur une intégration des immigrants de ces populations est prioritaire pour des gouvernements qui se respectent. Malheureusement la prise en charge de ses populations n’est pas faite par les différents paliers de gouvernement et s’ensuit le replis identitaire que cet article dévoile. Travailler ensemble pour faire avancer cette cause est primordiale mais il faut les moyens pour y arriver sinon le problème grandira.
Que les iraniens se soient révoltés contre l’occident a cause de ses agissements je peut comprendre.Fallait-il vraiment qu’ils obligent les femmes a se voiler pour se faire?Moi je crois qu’ils en n’ont profité pour soumettre les femmes a role traditionnelle religieux.
Tout de même bizarre sinon incohérent de voir nombre de ces jeunes filles voilées maquillées, jeans moulant, souliers dernier cri…fréquentant religieusement ces temples maudits de la surconsommation que sont les centres d’achats capitalistes !
Rien à voir avec leur camouflage, je présume…
A 8 ou 10 ans, ces enfants peuvent être embrigadées par leurs parents et par des leaders religieux, comme au Québec nous l’avons été il y a plusieurs années. La population musulmane ne représente que 2% ou 3% de la population actuellement et un grand nombre d’entre eux ne sont pas pratiquants. Alors, il faut faire confiance à leur volonté de faire partie de notre société et à notre ouverture pour les y accueillir. Pensons aux Grecs, aux Italiens et aux Portugais qui étaient considérés menaçants par nos parents, il n’y a pas si longtemps et qui sont maintenant des citoyens actifs. Le défi à relever est pour nous, il s’agit de les côtoyer et de les accueillir. Si nous le faisons bien, dans 20 ans on se demandera c’était quoi ce débat sur la laïcité, de la même façon qu’on ne se rappelle plus le débat sur la peine de mort, le droit à l’avortement, l’obligation de faire ses études primaire et secondaire en français au Québec. Il faut être résolument optimiste en regardant l’histoire, les régimes autoritaires en Europe de l’Ouest sont tombés dans les années 1970, les famines sont beaucoup moins nombreuses et sévères…il reste cependant beaucoup à faire. Quant à moi, les défis sont beaucoup plus du côté de l’environnement que du foulard de quelques femmes. Si les semences enrobées de Round up (un puissant insecticide), continue de tuer les insectes utiles, dont les abeilles, c’est toute la chaîne alimentaire humaine qui est foutue, qu’on porte un foulard ou pas.
Bien d’accord avec vous, chère dame….sans négliger, non plus, la surpopulation autre sujet hautement tabou dans nos belles sociétés si hypocritement soucieuses de la qualité de l’environnement et du bien-être de tout un chacun, n’est-ce pas ?