J’ai beau avoir une grande maison et avoir assez de chambres pour chacun de mes enfants (si on ne se compte pas), à chaque veille de congé, les petits déménagent tous leur matelas dans la chambre de l’un ou de l’autre pour papoter jusqu’au moment fatidique ou Morphée vient séparer les hommes des enfants et l’éveil du sommeil. C’est ça une fratrie tissée serrée, ça s’aime! Que veux-tu?
Hier soir, le manège a repris. Ils étaient tous dans la chambre de mon fils de douze ans. Ça parlait, ça riait fort et ça empêchait ma conjointe d’endormir le petit de deux ans que, évidemment, ça éveillait plus qu’autre chose.
Alors, je suis allé faire un tour.
— Viens papa! m’a dit Albert-Olivar en me faisant une place à côté de lui.
Je me suis donc étendu à leur côté… et on a chuchoté ensemble pendant que je caressais les cheveux des plus petits. Après plusieurs minutes à se raconter des histoires et à être heureux ensemble, le sentiment de bonheur qui m’envahit souvent quand c’est comme ça m’est revenu. La plénitude…
J’ai pas pu m’empêcher de leur dire : « Je vous aime les enfants! Vous êtes ma richesse! Vous faites mon bonheur tous les jours! »
Dans leur petit cœur, je sentais que ça roucoulait.
— Nous aussi on t’aime papa! a lancé l’un.
— Oui, on t’aime! a lancé l’autre.
— T’es un super papa! puis l’autre.
Puis ça s’est mis à virer philosophique leur affaire…
— Tsé, papa, on va t’aimer longtemps, a dit Blanche.
— Oui, papa, très longtemps, a répondu Albert.
— Jusqu’à ta mort, a dit Ulysse. — Jusqu’après ta mort! a précisé Albert.
— Oui, c’est ça! Même dans ton cercueil, on va t’aimer! a rétorqué Blanche.
— On va t’aimer à ta cérémonie!
— Oui, à tes funérailles nationales!
C’est là que je suis parti à rire… Des funérailles nationales!!! Primo, j’en veux pas. Secundo, y’en aura pas. Mais, bien que je sois loin d’être parfait j’accepte, oui j’accepte, que dans leur cœur à eux, je sois si important que ça prenne aujourd’hui cette mesure à leurs yeux.
Je dis j’accepte, mais je suis soulagé aussi pour eux. Pourquoi? Parce que c’est l’amour qui fait avancer le monde. Et qui les fait grandir, eux, en beauté. Et que sans cet amour, leur croissance serait plus lente encore que les arbres. Quoiqu’une croissance d’arbre, c’est beau aussi. Enfin…
Toujours est-il que je n’étais plus capable de me lever de là. Je me suis endormi auprès d’eux et je me suis réveillé le lendemain toujours aussi heureux d’avoir de si beaux enfants… ronfleurs!
Il m’arrive d’être un peu mièvre et tarte aux pommes. Il m’arrive aussi souvent, quand je côtoie d’autres parents, de m’imaginer entre ces parents et leurs enfants de telles scènes d’amour filial. Et je me dis que la vie suit son cours quoi. Et juste cette impression fugace de plénitude entre eux me rend heureux.
C’est con, je sais, mais ce sera une confidence entre vous et moi.
Bref, chérissez-les ces petiots! C’est votre (et notre) plus grande richesse et notre plus bel espoir pour le monde… Et puis ça grandit trop vite, bon!