Musique

Retour de son

Mass Hysteria et GrimSkunk
Le 21 mai, au Centre St-Esprit
Il a fait chaud au Centre St-Esprit. Chaud à faire transpirer les murs et le plancher, chaud à en avoir de la buée dans ses lunettes. Et c’était ahurissant de voir avec quelle aisance et quelle rapidité Mass Hysteria et GrimSkunk ont su allumer leur jeune public.

Déjà bien échauffée par Putrid et sa musique décapante, la foule a accueilli Mass Hysteria avec enthousiasme. Vraiment, ce groupe est l’un des plus originaux à émerger de l’Hexagone depuis plusieurs années. Son secret? Un équilibre judicieux entre hardcore, métal et techno. Les quelques samplings et la touche de claviers que Mass Hysteria a rajouté à sa musique très hard lui permettent d’en arrondir les angles, sans en diminuer l’intensité. Tout comme les gars de GrimSkunk, ces adeptes du gueulage constructif misent beaucoup sur l’énergie. Et sur scène, c’est l’une des machines à musique les mieux huilées que j’ai vues ce printemps.

Quant à GrimSkunk, on se demande bien comment on pourrait en dire du mal. Le groupe et son public sont tellement branchés l’un sur l’autre que chaque concert se transforme en immense fête. Électricité et délire garantis. En plus, le groupe est en évolution constante. Autrefois très hardcore, il est aujourd’hui plus ska, plus reggae, plus latin. Il farfouille et expérimente divers univers sonores sans diluer son identité ou perdre de son mordant. On peut leur reprocher leurs textes un peu primaires, mais sûrement pas de manquer d’imagination musicale ni de talent. GrimSkunk est au programme du Festival d’été, soyez prêts! (A. Vigneault)

Plume Latraverse et les Timononk
Le 22 mai, au Capitole
Qu’est-ce qui fait qu’on sort d’un spectacle avec un brin d’amertume? Comme une déception qu’on voudrait ignorer, une frustration qui nous gruge contre notre gré…

Et pourtant… Pourtant Plume était en forme. Souriant, amusant, amusé. Pourtant les Timononk s’éclataient pour célébrer leur retour en compagnie de Latraverse. Jean-Claude Marsan maniant la guitare avec une dextérité remarquable et Denis Masson la basse avec efficacité et sobriété. Pourtant la foule semblait apprécier, hurlant des «On t’aime Plume» et jetant des joints sur la scène. Chantant les grands classiques à tue-tête. Chambre à louer, Calvaire… Pourtant le show a duré trois heures. Alors pourquoi? Pourquoi en sort-on avec la vague impression d’être déçu?…

Déçu peut-être parce que malgré tout, chacun en aurait voulu un peu plus. On a tous notre petite «toune» préférée, une petite pièce qu’on connaît par cour et qu’on voudrait tellement entendre. Sauf que des petites «tounes » préférées, Plume en a écrites des dizaines en vingt ans de carrière. Et il ne peut pas toutes les interpréter. Dans bien des cas, on sort du spectacle un peu sur sa faim. «Y’a pas joué ma toune.»

Déçu peut-être aussi parce que le spectacle manquait de personnalité. Comme s’il était trop préparé. Comme si, étant la légende qu’il est, Plume n’avait plus besoin d’attirer à lui son public. Un classique par ci, un autre par là, et le tour est joué. Presque mécanique. Une recette éprouvée, bien sûr, mais un peu fast-food… Ce soir-là au Capitole, Plume et les Timononk semblaient être sur le pilote automatique. Où était la switch?… (M. Simard)