Dubmatique : Hip-hop la vie
Musique

Dubmatique : Hip-hop la vie

Le 30 avril 1997, au Cabaret, Dubmatique lançait son premier disque devant une foule mixte de connaisseurs et de néophytes, ces derniers un brin mystifiés par la très forte réaction suscitée lors de leur courte prestation. Un an plus tard, avec plus de cent mille copies vendues et plusieurs Spectrum en poche, plus personne ne se surprend que le trio fasse maintenant son entrée au Métropolis.
«Passer de l’anonymat presque complet à la reconnaissance publique n’a pas été si difficile, soutient Disoul. Les gens regardent ce qu’on achète quand on va au dépanneur, ils viennent nous demander des autographes quand on est au resto, mais ce n’est pas si mal. Non, la vraie surprise, c’est plutôt de voir des enfants de quatre ans assister à nos spectacles. On espérait à la base toucher le public hip-hop, qu’on estimait à une dizaine de mille, et on se retrouve avec un public super-large, composé d’enfants, de mères de famille, d’ados. C’est vraiment bien.»

Mais aussi dangereux. Disoul et ses copains O. TMC et DJ Choice ne sont pas sans savoir que ce genre de public est le plus volatil qui soit; et que, pour l’instant, leur succès est basé sur un phénomène et trois singles, plutôt que sur le genre de culte qui permet à une Björk, à une Anni DiFranco, voire à un Michel Rivard de bien s’en tirer album après album. La recette pour ne pas devenir obsolète est floue, contenant chaque fois des ingrédients inconnus: «On n’a pas le choix, va falloir se tenir toujours très au courant de ce qui se fait partout dans le monde. En ce sens, l’ouverture du magasin de disques de Choice, avec toutes ses importations, est une excellente nouvelle. Déjà, à la lumière de nos nouvelles pièces, je te dirais qu’on est peut-être plus proche de ce que fait IAM, par exemple, que du Dubmatique premier cru. On a réalisé, avec le succès québécois d’IAM, que les Québécois étaient aussi capables d’apprécier une musique qui, sans être hard, peut être expérimentale. Chose certaine, notre deuxième album aura une essence hip-hop plus profonde.»

Le mauvais côté de la chose, c’est qu’à force de se tenir au fait de la production mondiale, on en devient l’esclave, pour ensuite se faire taxer d’opportunisme: «Attention, je ne dis pas qu’il faut copier, mais s’inspirer. L’idée de suivre la tendance tient beaucoup plus dans le son que dans l’identité. Dubmatique restera toujours un projet reposant sur le concept Montréal-Paris-Dakar. D’ailleurs, il est question qu’on aille se ressourcer au Sénégal en vue de notre prochain disque.»

Avant l’Afrique, Dubmatique s’envolera toutefois pour l’Europe afin de donner quelques concerts (dont un à Stockholm), un défi immense pour la jeune formation: «C’est certain que les Français en ont vu d’autres, et que même si notre clip a connu un gros hit sur MCM, rien n’est gagné. On voit bien que l’époque Solaar est terminée, et qu’il nous faudra expérimenter. L’idée de faire le spectacle des Francos avec des musiciens s’inscrit dans cette logique. On ne fera pas beaucoup d’argent avec ce show-là mais, au moins, on va l’amener à un autre niveau. Il ne sera pas évident de combiner un band avec des sons pré-programmés, mais la fusion risque d’être intéressante. Chose certaine, elle est nécessaire. L’élément du beat est souvent essentiel au punch d’une chanson, et il n’est pas assuré que le batteur puisse le reproduire à son efficacité maximale. Il faudra donc mixer le côté naturel et le côté programmé pour y parvenir.» Le 19 juin, au Métropolis, ce n’est pas simplement trois garçons dans le vent que vous aurez devant vous, mais aussi (et peut-être surtout) trois artistes vraiment conscients de tous les éléments qui façonnent leur présent, et qui influenceront leur futur.y

Le 19 juin à 21 h
Au Métropolis
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