

Festival classique du Bois-des-Quatre-Lieux : Je reviens chez nous
Hors de Montréal, point de salut? C’est de moins en moins vrai en musique classique, l’été tout au moins. Deux jeunes musiciens québécois viennent de fonder le Festival classique du Bois-des-Quatre-Lieux, qui se voue à la diffusion de leurs pairs et entend faire connaître les compositeurs de chez nous. Cap sur Saint-Césaire.
Dominique Olivier
C’est un lieu commun de dire que la culture, au Québec, est mal représentée en région. Deux jeunes musiciens ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de remédier à la situation dans leur patelin d’origine, Saint-Césaire. Louis Allard, directeur artistique et Nathalie Charette, directrice de production, ont fondé cette année le Festival classique du Bois-des-Quatre-Lieux (FCB4L), dont la première édition débute le 20 juin.
Du même coup, les organisateurs s’attaquent à un autre problème criant, celui de l’embauche des jeunes musiciens professionnels sur la scène québécoise. Le double mandat du FCB4L est clair: donner de la visibilité aux jeunes interprètes en leur permettant d’acquérir une expérience scénique, et amener la musique classique dans la région de Saint-Césaire, pour que le public se familiarise avec autre chose que le répertoire des greatest hits.
Louis Allard, diplômé en orgue du Conservatoire de musique de Montréal en 1995, apparaît dans ce contexte comme un petit débrouillard qui ne baisse pas les bras devant les problèmes auxquels font face les jeunes musiciens du Québec. Insatisfait des quelques concerts qu’il donne chaque année, l’organiste voulait ajouter d’autres cordes à son arc. «La direction artistique m’intéressait beaucoup parce que la musique est une passion pour moi, et que je veux pouvoir transmettre cette passion, offrir des choses aux gens. Ça paraît peut-être prétentieux…», s’interroge Allard avec candeur. Mais l’initiative du FCB4L n’émane pas de quelque prétention à la générosité artistique. Les deux directeurs du Festival ont organisé déjà, à l’été 1997, une série d’événements musicaux à Saint-Césaire, et la réponse fut plus que favorable. «Avec presque pas de publicité, nous nous attendions à avoir des salles d’à peu près trente personnes, et finalement, nous avons eu près d’une centaine d’auditeurs par concert. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire, puisqu’il y avait une demande des gens de la région», témoigne Louis Allard.
L’année dernière, la clientèle était assez diversifiée pour ce qui est de l’âge: des auditeurs âgés de 25 à 80 ans se réunissaient sur le site patrimonial du couvent de la Présentation-de-Marie, de la municipalité de Saint-Césaire. Les deux tiers étaient de la région, alors qu’un tiers venait des environs de Montréal. L’aspect patrimonial est déterminant pour Louis Allard, qui semble attacher beaucoup d’importance à la découverte de nos racines culturelles. «Le Bois-des-Quatre-Lieux est l’ancien nom de Saint-Césaire, avant sa fondation en 1822, explique le directeur artistique. Nous voulions donner un petit cachet au nom de notre Festival avec quelque chose qui fasse partie du patrimoine, parce que nous avons beaucoup d’ouvres québécoises dans notre programmation.»
Jeunesse d’aujourd’hui
Les artistes invités de cette première édition ont d’abord été choisis, comme le dit honnêtement Louis Allard, parmi ses amis, les musiciens avec lesquels il a étudié ou travaillé. «On leur a proposé l’événement et ils ont embarqué de pied ferme, parce que nous ne produisons que de jeunes musiciens professionnels. Souvent, on se fait dire qu’on est un jeune musicien à partir de 35 ou 40 ans. Avant, on n’existe pas. Je me souviens qu’un jour, le compositeur Serge Provost parlait de ce problème devant un groupe dont je faisais partie. Ça m’a beaucoup marqué parce que je me demandais depuis longtemps: mais qu’est-ce qui se passe entre la fin des études, à 22-25 ans, et 35 ans? Pour le FCB4L, c’est presque une mission de produire de jeunes professionnels qui se démarquent.»
Inspiré par sa fréquentation du répertoire québécois, Louis Allard entend faire connaître la musique de chez nous à son public de Saint-Césaire. Son travail de directeur artistique l’a amené à imposer une contrainte à ses invités, celle de chercher des ouvres de compositeurs québécois, écrites pour leurs instruments, et de les mettre à leur répertoire. Et non seulement des ouvres récentes, mais aussi ce qui constitue selon lui nos racines musicales: Rodolphe Mathieu, Lionel Daunais, Achille Fortier. Bien sûr, les créateurs vivants ont aussi leur place dans la programmation, où l’on retrouve des ouvres d’Isabelle Panneton, de Denis Gougeon et de Guy Gingras. «Ça vient d’un désir de montrer aux gens d’où l’on vient, pour savoir où l’on va…», philosophe Allard, qui pense à passer des commandes à de jeunes compositeurs pour les prochaines éditions du Festival. Tout dépendra, bien sûr, des subventions…
Dans un esprit d’échange, de démystification, très à la mode au concert classique, chaque événement sera commenté par les artistes, qui expliqueront les ouvres au programme. Tous les concerts seront également suivis d’une rencontre avec les interprètes, afin de permettre au public d’échanger ses impressions, de mieux connaître les musiciens. Les organisateurs souhaitent «briser la barrière mythique qu’il y a entre le musicien classique et le public». Le premier concert, le 20 juin, sera donné par la soprano Louise Marcotte, accompagnée au piano par Réjean Coallier. Les autres événements s’étendent sur toute la période estivale, et présenteront tour à tour Yannick Nézet-Séguin au piano; le duo composé d’Annie Boudrault, altiste et d’Alexandra Nguyen, pianiste; La Chapelle de Montréal, ensemble vocal et instrumental baroque dirigé par Yannick Nézet-Séguin; et, finalement, le Trio 3, formé de Martin Carpentier à la clarinette, Mathieu Lussier au basson et Louise Lessard au piano.
Les 20 juin, 18 juillet, 1er août, 5 et 26 septembre
Au couvent de la Présentation-de-Marie
(1395, rue Notre-Dame, Saint-Césaire, sortie 48 de l’autoroute 10 est)
Société musicale André Turp
A Montréal vient de se constituer une nouvelle société dont les activités sont centrées sur l’art vocal: La Société musicale André Turp, du nom du ténor montréalais de réputation internationale, décédé en 1991. A l’automne, une série de concerts mettant en vedette des artistes d’ici et d’ailleurs sera présentée au Monument-National. On y entendra, entre autres, Karina Gauvin, Nathan Berg, Dmitri Hvorostovsky, etc. Des conférences et des tables rondes seront organisées, sur des sujets inspirés de la programmation 1998-1999. Cette société à but non lucratif a grand besoin d’amateurs d’art vocal, pour participer aux différentes activités et pour donner un coup de main à l’organisation. On recherche également d’autres amoureux de musique vocale afin de développer un cercle amical voué à la diffusion et à la promotion de l’art lyrique. La Société accueillera, sans frais d’adhésion, toutes les personnes désireuses de se joindre à elle afin d’ouvrer dans un cadre dynamique favorisant les rencontres et l’intérêt pour la musique vocale. On peut obtenir de l’information au (514) 397-0068.