Musique

Retour de son

Garou & The Gangsters
Le 9 juin, au Liquor Store

Garou en a fait du chemin depuis le temps où il reprenait l’essentiel des Beatles avec les Windows & Doors, son tout premier groupe. Il a roulé sa bosse dans les bars, chanté dans des festivals, travaillé son répertoire et son jeu. Il s’est trouvé des affinités avec le blues et le soul, et il a développé cette voix singulièrement rauque qui lui vaut maintenant le rôle de Quasimodo dans le nouvel opéra rock que Luc Plamondon a co-écrit avec Richard Cocciante.

Avant de partir pour Paris, Garou, qu’on surnomme déjà «la voix de Notre-Dame de Paris», se promène avec ses cinq Gangsters. A en croire la foule entassée au Liquor Store la semaine dernière, son retour à Québec était fort attendu. Garou est un habitué de la place: c’est lui qui a chanté le soir de l’ouverture et il y est passé régulièrement depuis. Le public n’était donc pas là que pour entendre Belle, le premier extrait de l’opéra rock, mais pour fêter avec cet excellent showman.

Lors de deux sets fort énergiques, Garou a déployé tout son charme et, surtout, sa voix riche et profonde. S’il se montre habile dans le rock et le folk, c’est dans le blues et le soul qu’il dégage le plus. N’hésitant pas à se frotter aux plus grands, il a entre autres repris James Brown, Stevie Wonder et Wilson Pickett (Mustang Sally). Les chansons de ces monuments, il se les est appropriées et il possède ce qu’il faut d’enthousiasme et de sensualité provocante pour les rendre de façon convaincante. Mais l’un des beaux moments de ce spectacle demeure celui où il a chanté Belle. Parce que c’est la première pièce dont il est le premier interprète. Et cette chanson nous permet de croire que, servi par des auteurs talentueux, Garou deviendra un interprète de premier plan. (A. Vigneault)

Yannick St-Arnaud
Le 10 juin, au d’Auteuil

Mercredi soir, avec le retard de circonstance, Yannick St-Arnaud ouvre son concert sur un bref Eldorado, morceau approprié pour cette première quête des cours de la capitale. Une ou deux chansons me passent au-dessus de la tête avant que la concentration ne s’installe et que la voix du chanteur ne se réchauffe. Que l’esprit se tasse et cède aux mots. Voici un spectacle exigeant, simplement parce qu’il force l’écoute. Dans ce contexte de dépouillement, piano, saxophone, guitare, la parole occupe une place singulière et pure. C’est d’ailleurs souvent au détour d’une phrase à la fin d’un couplet que le public réagit. La voix de St-Arnaud est impressionnante, étonnamment solide et particulièrement attachante lorsqu’elle casse volontairement sur des titres comme Quand l’amour fait musique ou La Pluie, chansons tristes et douces qui sur scène restent les plus belles. Les ponctuations du saxophone de Denis Roy, particulièrement brillant au soprano, en souligne la fluidité et le lyrisme. L’ordre des chansons est parfait. Les enchaînements un peu trop fébriles. St-Arnaud interrompt alors la succession de climats graves et inquiets tirés de La Nuit des fous, par quelques nouvelles chansons à l’humour grinçant qui font partie des clous de la soirée, tel les Ma cigarette ous Le Chapeau de la bêtise. Voilà une aptitude pour la légèreté qu’on lui connaissait peu. On se réveille de cette soirée comme on sort d’un film. Surpris d’avoir été entraîné ailleurs. Une sorte de crépuscule onirique qui annonce la présence d’une ouvre authentique. D’un univers entier et cohérent. Chauds applaudissements, pour ce spectacle, non, ce concert, à la fois classique et courageux, sobre et audacieux. (F. Desmeules)