Sinclair : Voler en éclats
Musique

Sinclair : Voler en éclats

Le dernier concert de Sinclair, il y a trois ans, constitue toujours l’un des hauts faits d’armes de la petite histoire francofolle. Spectrum archibondé, taux d’humidité rappelant le Costa Rica la veille d’une tempête tropicale, la Family survoltée et un chanteur visiblement ravi. On s’en souvient tous, malgré le houblon… et Sinclair aussi, n’ayez crainte. Simple question: est-ce simplement possible de faire mieux?

Mieux, peut-être pas. Mais différent, assurément. Parce que, depuis cette chaude soirée, beaucoup d’éléments ont changé dans l’univers Sinclair, ce fameux système, au cour du processus créatif de l’artiste soul-funk. Dehors, les anciens camarades. Terminé, le hype l’entourant et, sans doute aussi, les promesses faites au jeune multi-instrumentiste: «C’est vrai que, depuis quelque temps, tout est devenu un peu plus compliqué, admet-il. Mais je ne déteste pas ça pour autant, au contraire. Tu vois, quand je suis arrivé, la France avait encore soif de nouveautés musicales, de musiques de qualité. Alors que, présentement, on a parfois l’impression de retourner au milieu des années quatre-vingt, sous le règne du genre italo-cheapo. Cette fois, c’est le mauvais rap qui remporte la mise.» Et on ne parle évidemment pas des boys band…

Peut-être secoué par l’échec de son deuxième disque, qui, de son propre dire, n’a pas vendu mais s’est aussi fait joyeusement planter par la critique, Sinclair a donc fait le grand ménage, pour pondre en bout de ligne son compact le plus personnel (L’Épreuve du temps, La Bonne Attitude…), et le plus nuancé. Plusieurs textes prennent ainsi la forme d’aveux: «C’est vrai. J’ai réussi à me libérer de nombreux complexes, et l’écriture s’en est bien sûr ressentie. Je ne crois pas y être parvenu totalement, mais c’est un début. Quant au groupe, disons simplement que pour des raisons humaines et musicales, il valait mieux que ça s’arrête là. J’ai eu envie d’y aller à nouveau seul, un peu comme pour mon premier disque. Cela dit, je ne regrette rien du deuxième. Disons qu’on l’a fait un peu vite, mais que ça correspondait bien au speed dans lequel nous baignions alors. Quand je serai devenu très populaire et que je vendrai beaucoup de disques, les gens le découvriront. Je pense que j’y avais mis plusieurs indices de ce qu’allait être mon futur.»
Le spectacle des Francos, à l’image du dernier album, risque ainsi d’être plus nuancé, moins rock et plus soul: «Je cherche quelque chose de plus profond qu’un simple style, analyse-t-il. Oui, le dernier est plus soul, mais ce n’est tout de même pas le testament de ce que je ferai toute ma vie. A un moment donné, il devient difficile d’évoluer dans un genre qui a été vu et revu depuis tellement longtemps.» Éclaté au max, le Sinclair de demain? Sans doute… mais pas au point de donner dans le rap cheapo.

Le 27 juin à 21 h
Au Métropolis
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