Musique

Yuri Buenaventura

Les houleuses discussions qu’a suscitées la version salsa de Ne me quitte pas prouvent à quel point les peuples occidentaux ignorent l’importance des mots dans les musiques hispanophones. Bien sûr, le Colombien Yuri Buenaventura savait que la chanson de Jacques Brel était d’une tristesse immense. L’impression laissée – une fois la pièce arrangée pour l’ensemble latin de douze musiciens, merci à Andres Viafara – en est une exorcisée de toute souffrance.

Erreur. Ce qui reste de la salsa, une fois le klaxon concordant des cuivres et l’envoûtement percussif enlevé, ce sont les mots, la complainte, le message d’espoir. C’est la petite misère quotidienne, qu’évoque l’artiste dans son premier album, Herencia Africana, constat encourageant malgré tout quant à société actuelle. Bref, Yuri n’a pas voulu en faire le thème officiel du Club Med, bien au contraire: «Quand j’ai fait cet album, c’était pour parler de l’île où je suis né, Buenaventura (son vrai nom de famille est Bedoya). Pas vraiment pour en faire une commodité internationale. Je ne pensais même pas que j’étais un vrai salsero. Ici, en Colombie (il habite aussi à Paris), c’est bien évident que la musique imprègne notre culture, mais je ne me rendais pas compte de la valeur du travail qu’on faisait, nous, les musiciens de salsa colombiens. J’ai pu en constater l’apport et la complexité, en comparant avec les autres genres.»
Petit homme de la trentaine à la silhouette malingre, sa constitution chétive n’enlève rien à sa candeur et à son ingénuité. Yuri Buenaventura a un brasier inextinguible dans la poitrine: «Il y a tout dans la salsa. Il y a une grande connotation de tambours, qui demeure sacrée et religieuse. Il y a cette façon à nous de toujours voir les choses positives en masquant la déprime avec le bonheur inhérent des cuivres et enfin la question socioculturelle. Ce sont les couches les plus défavorisées de l’Amérique latine qui sont le plus près de la salsa.»

Le 18 juin à 21 h
Au Métropolis
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