Musique

Le néo-progressif : Évolution tranquille

Pour les purs et durs, mettre côte à côte «rock progressif» et «années 90» relève de l’hérésie. Pour eux, l’année 1980 constitue déjà une barrière infranchissable. Si le jugement semble un peu sévère, il faut avouer que l’âge d’or du «prog», c’est la période qui s’étend de la toute fin des années 60 au début des années 80, cette fameuse douzaine qui a vu naître et grandir les Genesis, Van Der Graaf Generator, Jethro Tull et autres King Crimson.

Comme pour donner raison aux plus pointilleux, de nos jours, le prog est pratiquement disparu de la carte. Balayé, comme le heavy métal. Son influence s’est bien fait sentir chez des groupes comme Voïvod ou Dream Theater et, plus récemment, chez Radiohead, mais cela mis à part, il faut être mordu en diable pour savoir qu’il existe toujours une scène prog assez florissante. Si les Anglais ont créé ce genre musical, ce sont les Germaniques qui en sont fervents aujourd’hui. La terre d’asile de ce nouveau mouvement prog, c’est donc l’Europe. Tout particulièrement l’Allemagne, où sont établis plusieurs labels spécialisés.

Au début des années 90, le prog a repris du poil de la bête. A preuve, cette étiquette new prog ou néo-prog souvent accolée aux jeunes formations. En quoi le néo-prog est-il différent du prog «classique»? La chose n’est pas simple car l’étiquette sert surtout à identifier les groupes qui sont venus après les maîtres du genre. Vus sous cet angle, I.Q. et Marillion font déjà partie de cette vague.

On n’a qu’à visiter quelques sites internet consacrés au prog pour voir avec quelle sévérité le néo-prog peut être jugé. Il en est pour dire que le nouveau prog n’est qu’une musique sous influence. Ces groupes ne feraient que suivre la voie pavée par Robert Fripp, Peter Hammill, Peter Gabriel et leurs acolytes, sans imagination et sans atteindre le même degré de complexité. Mais c’est peut-être aller un peu vite en affaires. Le genre a peu évolué, mais, dans certains cas, il s’est très bien adapté.

Ainsi, plusieurs des groupes qu’on verra au d’Auteuil dans le cadre du ProgEst sont plus agressifs que leurs maîtres à penser. Certains opèrent même une sorte de fusion entre rock progressif et métal. C’est notamment le cas de la majorité des groupes prog nord-américains comme Visible Wind (Montréal), Dagmähr (Québec) et Timothy Pure (É.-U.). Quant aux autres, ils sont les fils spirituels directs de Genesis (I.Q. et Clepsydra) ou de King Crimson (Anekdoten et Indiscipline).

Outre la prestation des légendaires Le Orme, ce sont les premiers concerts de I.Q. (les 25 et 26) en sol canadien qui retiennent l’attention. Issu de la première vague néo-prog (celle du début des années 80), ce groupe s’est bâti une solide réputation à l’époque où Marillion était aussi une figure montante du prog. Le ProgEst présente aussi le premier (et unique) concert en Amérique de Clepsydra (le 2), une formation suisse dont la musique est très associée à celle de Marillion. Anekdoten, fort bien accueilli en 1994, sera de retour (le 29) avec ses sombres expériences sonores. Ceux qui préfèrent les «produits locaux» ne pâtiront pas car le ProgEst consacre toute une soirée aux «prog» d’ici. Le soir du 3, Visible Wind, Dagmähr et Indiscipline – qui a lancé son deuxième disque il y a quelques semaines – se succéderont sur les planches du d’Auteuil. Le 4, ce sera l’occasion de faire connaissance avec Timothy Pure. Fondé vers 1990, ce quatuor originaire d’Atlanta jouit d’une solide réputation. Certaines publications spécialisées prévoient qu’il s’agit du futur roi du genre. Décidément, il n’y a rien de trop beau pour la «capitale» du prog en Amérique.

Du 25 juin au 4 juillet
Au d’Auteuil
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