Kevin Parent : Le sang show
Musique

Kevin Parent : Le sang show

Le nouvel album de KEVIN PARENT est finalement sorti au grand plaisir de ses fans. Il faut dire qu’il n’est pas fâché lui non plus, car au-delà de la cuisine nécessaire, à savoir le travail studio et la promotion, notre ami préfère de loin la  scène.

On ne se trompe pas en disant que Grand parleur petit faiseur de Kevin Parent était le disque le plus attendu de l’année au Québec. Que 75 ooo copies de l’album aient trouvé preneur trois jours après sa sortie en magasin en constitue une preuve éloquente.

A l’autre bout de cette chaîne, il y a Kevin Parent, un jeune homme fier peu enclin à se plier au jeu du vedettaria et à faire des salamalecs. Un gars intègre qui ne mâche pas ses mots et qui ne fait pas semblant d’être d’humeur badine quand les choses ne vont pas comme il l’entend. Mais ces traits de caractère déjà bien connus et acceptés du public n’expliquent pas à eux seuls l’attrait qu’il exerce auprès de ses fans et des amateurs de chansons en tout genre.

Kevin «pogne» parce que les gens se reconnaissent dans ce qu’il chante. D’ailleurs, le chanteur le reconnaît lui-même et c’est en quelque sorte une des raisons qui l’ont poussé à choisir ce métier: la communication. C’est d’ailleurs un des thèmes de la chanson Si seul, un des joyaux de l’album récent. «Je me sens si seul / pourtant c’est même pas le cas. J’aimerais juste trouver quelqu’un avec qui jaser / qui vit les mêmes choses que moi. C’est tant mieux pour les casés / qui savent le matin ce qu’ils vont manger pour souper (…). Je dis ça mais dans le fond tu sais que je les envie.» Qui n’a jamais éprouvé cette même détresse? Prenez la chanson thème de Pignon sur rue. Comme ces jeunes, le chanteur s’est lui aussi retrouvé dans la grande ville après avoir quitté un giron plus familial. Quand on lui fait part de ces observations, Parent répondra d’emblée: «Ben sûr! J’explore encore le filon de mon expérience personnelle. J’ai toujours aimé raconter des histoires, et dans le tas certaines sont inspirées d’expériences que j’ai vécues, ou de choses qui sont arrivées à du monde que je connais.»

Le lancer du disque
J’ai rencontré le chanteur en matinée, soit plusieurs heures avant le lancement du nouvel album. A un moment, je lui demande s’il se souvient du lancement de Pigeon d’argile, un événement qui fut à tout le moins intimiste puisqu’il était encore virtuellement inconnu. «Je ne m’en souviens pas beaucoup. Je me rappelle que j’étais nerveux et qu’on a dû jouer quatre morceaux.» Puis, il ajoute: «Ça devrait ressembler à ça ce soir.» Première différence, le d’Auteuil était rempli à pleine capacité et l’ambiance était survoltée. Secundo, s’il était nerveux, il cachait bien son jeu. Affichant une confiance qui contrastait avec sa nature inquiète, le chanteur semblait transfiguré à l’idée de monter sur les planches pour cette soi-disant courte prestation. En effet, son petit mot de bienvenue allait durer presque une heure. Débutant avec le premier simple Fréquenter l’oubli et solidement appuyé par l’incontournable Mario Légaré à la basse et par le guitariste Jean-Claude Marsan (un des fidèles Ti-mononks de Plume), l’artiste exultait. Après avoir joué la moitié de son album, Parent et ses complices se sont lancés dans une jubilatoire interprétation d’All Along the Watchtower, version plus hendrixienne que celle de son créateur Bob Dylan. Le gars avait du gros fun noir, c’était évident, comme si toutes les occasions de monter sur scène légitimaient sa vocation.

C’est d’ailleurs sur ce sujet qu’il avait insisté durant l’entretien. En remontant la route de ses souvenirs récents, il lance: «Depuis la sortie de Pigeon d’argile, on a fait au-dessus de deux cents shows et j’ai trippé en maudit, on a eu beaucoup de très beaux moments. Ça ne paraît peut-être pas toujours, mais j’aime ma job. Je ne suis pas à l’aise dans les entrevues, tout le monde le sait, mais, quand je monte sur un stage, c’est pus pareil, je suis dans mon élément.» Puisqu’il est question de spectacle, Kevin devrait prendre la route cet automne seulement. Comme il piaffait d’impatience à l’idée de jouer devant public, il a choisi d’offrir quelques concerts estivaux, dont un qui l’amènera à participer au festival Woodstock en Beauce. «On a donné huit concerts avant le lancement de l’album et j’ai tellement aimé ça, c’était épouvantable. Le monde trippait même s’il ne connaissait pas encore les nouvelles chansons. Il faut croire que j’avais hâte de sortir du studio.»

Cent fois sur le métier
On se souviendra que la parution de Grand parleur petit faiseur fut reportée parce que, comme le disent les astrologues, les planètes n’étaient pas toutes alignées. Ce contretemps fâcheux permit tout de même à Kevin d’en apprendre plus en ce qui a trait au travail studio. «Les gens avec qui je voulais travailler n’étaient pas tous disponibles alors j’ai comme tout arrêté durant trois mois. Vrai qu’il était supposé sortir avant Noël, mais je n’étais pas prêt et mes chansons non plus. Mais bon, c’est fini, il est sorti, laisse-t-il tomber dans un souffle. En chemin, j’ai quand même appris un énorme paquet d’affaires, comme les relations entre réalisateur et producteur, c’était ben intéressant.»

Réalisé par Rick Haworth (un autre incontournable) et John Webster de même que par Nik Keca et Parent lui-même, l’album ne s’écarte pas trop des paramètres établis avec Pigeon d’argile. «Rick et un musicien comme Jeff Smallwood produisent des sons qui collent bien à moi, ce sont des pros qui sont capables de trouver des univers différents pour chaque chanson.» En bout de course, on a droit à dix chansons qui nous font renouer avec le Kevin frondeur (Tu pourras dire, Maudite jalousie) et le Kevin vulnérable (Psychologue, Si seul), en plus de nous faire découvrir un côté observateur amusé qui lui sied bien (Mon bain, Les Doigts). La dernière chanson à avoir été écrite et enregistrée pour le disque s’intitule Tu pourras dire, un truc qui brasse et qui vient rappeler que notre homme s’éclate aussi dans le rock. «Celle-là, on l’a jouée quatre fois avant de l’avoir! C’est pas mal ma préférée, parce qu’elle n’est pas comme les autres, elle est moins peaufinée. Si ça avait été juste de moi, j’en aurais fait plus dans ce genre-là.» Inutile d’ajouter que le chanteur de l’heure n’a pas encore fini de nous surprendre. (Grand parleur petit faiseur, Kevin Parent, Tacca Musique/Distribution Select)

Le 4 juillet
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