

Noa : Notre dame de Tel-Aviv
Louise Dugas
Photo : Andrea Marouk
On imagine ce que Luc Plamondon a ressenti la première fois qu’il a vu Noa à la Fête à Maurane, aux FrancoFolies de La Rochelle, en 1997: sa voix gracieuse, sa beauté sauvage, ses yeux de bohémienne… Il venait de trouver Esméralda, l’un des personnages de son drame musical Notre-Dame de Paris.
«C’est vrai que je ressemble un peu à cette gitane, admet la chanteuse israélienne, qu’on peut entendre sur l’ouvre de Plamondon-Cocciante, mais ce que j’aime surtout en elle, c’est son côté rebelle. Esméralda s’insurgeait contre bien des valeurs de son époque, et je m’identifie beaucoup à elle sur ce point.»
Rebelle, Noa? Il suffit de dire que cette fille de la Terre Sainte a déjà chanté aux côtés de Palestiniens, à l’occasion d’un festival en Sicile, et qu’elle a composé plusieurs chansons dénonçant le conflit israélo-arabe.
Née près de Tel-Aviv de parents d’origine yéménite, Noa, de son vrai nom Achinoam Nini, a grandi dans l’État de New York puis dans le Bronx où ses camarades de classe étaient surtout des juifs d’origine européenne. A l’adolescence, raconte-t-elle, elle a vécu une énorme crise d’identité. «Je me demandais qui j’étais: une juive au teint foncé, une Israélienne, une yéménite, une Américaine… On me prenait même pour une Portoricaine.»
Après avoir étudié au célèbre High School of Performing Arts, à New York, Noa a décidé, à dix-sept ans, de retourner vivre en Israël. Là-bas, elle s’est inscrite au Rimon School of Jazz and Contemporary Music. En 1990, elle a émergé en tant qu’auteure-compositrice-interprète, aux côtés de son mentor et guitariste Gil Dor, avec qui elle a enregistré six albums, dont Achinoam Nini Gil Dor Live (1991), qui comprend des versions de standards jazz et pop chantées en hébreu. Par la suite, Pat Metheny, un copain de Gil Dor, a présenté Noa à la maison de disques Geffen, puis le guitariste jazz a coréalisé son premier album en anglais, Noa (1993), un disque acoustique aux couleurs pop, folk et classiques. Cette ouvre a été suivie de Calling (1996), un mélange un pop sophistiqué aux accents du Proche-Orient mis en scène, cette fois, par Rupert Hines (Kate Bush, Tina Turner, Rush). «Mes musiciens favoris sont Paul Simon, Leonard Cohen, Joni Mitchell. Ce sont eux qui m’ont le plus inspirée. J’essaie de créer un univers où mes deux cultures se côtoient.»
Depuis le début de sa carrière, Noa a participé à plusieurs manifestations pour le processus de paix en Israël. Elle était d’ailleurs du grand rassemblement pacifiste, le 4 novembre 1995, quand le premier ministre Yitzhak Rabin a été assassiné par un extrémiste juif. Par la suite, elle a conduit des armées de rêve en Israël. «Je ne crois pas que j’aie décidé un jour de rassembler les gens, mais quand ils me voient rire, danser et chanter, ils repartent avec un peu d’espoir dans le cour.»
En mai 1996, elle s’est produite au Théâtre Maisonneuve, alors qu’elle était l’invitée de la communauté juive de Montréal. «J’étais très heureuse de chanter et de jouer des congas et du darbukkah (tambour arabe) dans une salle pleine, mais cette fois-ci, je suis plus excitée encore, parce que le Festival de Jazz réunit un public plus large.»
Ses fans qui l’ont découverte grâce à Notre-Dame de Paris seront déçus d’apprendre qu’elle ne sera pas de la distribution de la pièce en septembre, à Paris. «J’ai tenté de chanter en français avec le plus d’amour possible, mais je ne maîtrise pas assez bien cette langue pour pouvoir jouer sur une scène.» Esméralda aura tout de même permis à Noa de se faire connaître ici et d’être invitée dans le volet Voix du monde du Festival de Jazz…
le 8 juillet à 18 h
Au Spectrum
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