Fazil Say : Sonate de saison
Musique

Fazil Say : Sonate de saison

Fazil Say, pianiste virtuose, est né en 1970. Il est Turc. Voilà la première chose que sa biographie vous apprend. Outre sa prédilection pour la sonatine en sol majeur «à la turque» de Mozart, cela semble à prime abord de peu d’importance. Immigré en Allemagne à la faveur d’une bourse, dès 17 ans, résidant de New York depuis quelques années, en fait, le pianiste se distingue plus par des interprétations extrêmement limpides, et un stacatto qui évoque immanquablement Glenn Gould, que par des origines particulières. «Gould? Voilà une comparaison très lourde à porter, lance Say dans un anglais terriblement laborieux. Pourquoi comparer un nouveau venu à un monument? Cela m’inquiète… Mais, il est vrai que j’essaie de faire ressortir la mélodie, de superposer l’ornementation sur une autre ligne, une autre voix. Au regard de cet objectif, important pour la compréhension de la musique, Gould était parfait. Il a prouvé que Bach n’était pas simplement un musicien cérébral et ennuyeux, il lui a rendu la vie.»

Son premier album d’interprète, Piano sonatas & variations, Say l’a exclusivement consacré à Mozart, «parce que c’est ce que je fais de mieux». Personne ne peut le contredire. L’accueil européen fut simplement délirant. Impossible de ne pas apparenter les douze variations sur le thème Ah vous dirais-je maman aux Goldberg, selon Gould. Est-ce une hérésie? «Je suis assez vieux pour savoir ce que je fais et pour placer ma propre opinion au-dessus de celle des critiques…», rétorque le principal intéressé. «L’interprétation se construit autour du son. Moi, j’entends les sonates de Mozart un peu comme des opéras. Et c’est ainsi que je les joue, comme si un unique piano pouvait avoir plusieurs voix.»

«Entre Bartók et Stravinski, près des Russes avec quelques influences folkloriques turques…» Voilà de quelle manière Say résume son Concerto pour piano et orchestre, sa Symphonie de chambre, et les nombreuses pièces pour piano qu’il compose depuis une demi-douzaine d’années. Car, chose rare, le concertiste virtuose se double d’un compositeur brillant, deux activités difficilement conciliables. «Je donne 70 concerts par année, ce qui me laisse peu de temps pour la composition», dit-il. Alors, pourquoi ne pas ralentir le rythme? «Actuellement, je ne peux pas faire autrement mais, quand je serai plus établi, plus connu, je crois que je m’empresserai de consacrer plus de temps à l’écriture.» Conjuguant l’un et l’autre, Say consacrera la moitié de son programme à ses propres compositions, dont quelques improvisations de jazz, lors de ce premier passage à Québec.

Jorane Peltier
Entendu, béat, une jeune autodidacte résidant à Charlesbourg, qui allie le chant, ou plutôt la voix, et le violoncelle dans un mélange passionné. Crissement des cordes, cris, essoufflements et éclatements, cette musique flamboyante, toute en contrastes, évoque Iva Bittova pour le jeu et Meredith Monk pour la voix. Son nom: Jorane Peltier. Elle a vingt-quatre ans. Après les finales de Cégeps en spectacle, elle fait quelques télés et radios, puis roule sa bosse sur de petites scènes du Québec et de la France avec un franc succès d’estime. L’album est à venir en septembre, le spectacle a lieu samedi et, dans les deux cas, on ose vous signaler qu’il s’agit d’une audace qu’il faut suivre et soutenir.

Le 16 juillet
Aux Jardins de l’Hôtel de ville
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