Heather Nova : Histoires d'eau
Musique

Heather Nova : Histoires d’eau

A moins de s’appeler Ulysse, on ne revient pas d’une rencontre avec une sirène, surtout si elle est originaire des Bermudes, comme Heather Nova. Heureusement pour nous, si l’auteure-compositeure-interprète a choisi de s’identifier à cette créature mythologique, c’est pour son pouvoir évocateur et non dans l’intention de causer le naufrage avec sa voix enchanteresse. «Pour moi, la sirène est un symbole; elle représente l’une des premières grandes chanteuses», lance Heather Nova pour expliquer le choix du titre de son plus récent album, Siren. Sans vouloir faire dans la psychologie de bas étage, on ne peut s’empêcher de lui faire remarquer que ce dernier est beaucoup plus serein et moins «fermé» que son prédécesseur, qu’elle avait baptisé Oyster (Huître). Constante dans l’emploi de métaphores maritimes, Heather Nova a-t-elle l’impression d’être sortie de sa coquille entre les deux albums? «La mer a toujours fait partie de mon imaginaire, affirme la chanteuse. Après tout, j’ai passé mon enfance sur un bateau! Pour ce qui est du titre de chacun des albums, je ne les avais pas analysés ainsi, mais il est vrai que Siren est peut-être plus ouvert. L’album précédent a été très thérapeutique: j’ai écrit des chansons pour ce disque qui traitaient de sujets que je n’avais même jamais osé aborder avec mes proches. Je suis persuadée que chaque artiste grandit à travers ses disques, et il est évident que je me sens plus forte maintenant.»
C’est en public qu’Heather a vécu cette évolution depuis la parution (et le succès étonnant) d’Oyster, en donnant des centaines de spectacles, tantôt avec son groupe plutôt rock, tantôt dans l’intimité de performances acoustiques. La franchise et l’intégrité avec lesquelles elle transpose ses états d’âme en musique lui ont permis de créer des liens étroits avec son auditoire, en particulier chez ses fans féminines.

Après des mois de tournée et de contacts humains elle s’est enfermée dans un chalet aux Bermudes pour pondre, à la guitare, les pièces de Siren; mais elle a vite fait de reprendre la route. Tout récemment, elle participait à quelques étapes de la tournée Lilith Fair, et elle avoue s’être sentie chez elle dans cette «célébration des femmes et de la musique» imaginée par la Canadienne Sarah MacLachlan. Il serait injuste de la ranger tout de go dans la catégorie «musique de filles», mais on n’y échappe pas: qu’elle parle de ses influences (elle cite, pêle-mêle, Joni Mitchell, Joan Armatrading, Chrissie Hynde et Patti Smith comme mentors), ou de la complicité qu’elle a vécue avec ses partenaires de tournée, elle ne cache pas l’importance du féminin. Sur Siren, elle a même signé l’obligatoire chanson sur le thème «je-suis-une-femme-unique-et-plurielle-à-la-fois-je-suis-la-maman-et-la-putain-etc.». A première vue, difficile de ne pas faire le rapprochement entre ce I’m the Girl et les autres I’m a Bitch. «En fait, c’est une chanson que j’ai écrite à la mort de ma grand-mère», explique Heather. «Nous étions complètement différentes, mais j’entretenais des liens très étroits avec elle malgré tout. Je crois que toutes les femmes, pas seulement les artistes, partagent ce lien émotif entre elles. Les artistes féminines font peut-être preuve d’une plus grande franchise émotive que les hommes…»

Le 21 juillet
Au Café Campus
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