Musique

Planet Smashers vs Kingpins : La guerre des clans

Cette fois-ci, c’est la guerre. Après avoir entretenu une saine compétition pendant quelques années, les deux meilleurs groupes ska à Montréal, les Planet Smashers et les Kingpins, se livreront une ultime bataille sur la scène du Spectrum pour déterminer qui régnera sous la bannière à damiers noir et blanc. «C’est un grand moment dans l’histoire du ska montréalais», explique John Jordan, fier soldat de la section de cuivres des Kingpins et ancien membre de Me, Mom and Morgentaler. «La compétition entre nous a toujours été positive, et elle nous a empêchés de devenir paresseux; mais dimanche, on va mettre un terme à tout ça: on va enfin savoir qui sera le vainqueur et qui sera le big fat loser!»

Après les amuse-gueule, servis par des groupes comme les Undercovers et Skavovee, les deux groupes monteront ensemble sur scène, jouant tour à tour et se livrant à l’appréciation du public. L’idée a de quoi faire sourire, car ces deux formations belligérantes sont aussi des alliées et partagent la même compagnie de disques, Stomp Records. Malgré quelques récents ennuis (le magasin de la compagnie a subi un cambriolage qui a sérieusement affecté son inventaire), la compagnie, fondée par Jordan Swift, bassiste des Kingpins et Matt Collier, guitariste des Smashers, a le vent dans les voiles: elle est maintenant affiliée aux Américains de Moon Ska, la plus grosse étiquette du genre au monde, qui compte déjà des filiales au Japon et en Angleterre. En clair, cela signifie une meilleure distribution des produits de Moon au Canada, et une ouverture sur le monde pour les nombreux groupes canadiens parrainés par Stomp.

Ceux qui ont cru que cette fameuse troisième vague du ska ne serait qu’un feu de paille peuvent aller se rhabiller. Non seulement le ska a-t-il influencé de nombreux groupes pop (No Doubt) et punk (Rancid), mais il est plus populaire que jamais dans sa forme la plus pure, avec ses codes très précis et son uniforme. «Ma théorie là-dessus est simple, explique John. Le ska refait toujours surface après une période où la musique et le look à la mode sont plutôt dégueulasses. Dans les années 70, c’était tout juste après le punk et, aujourd’hui, après avoir vécu des années de grunge, les gens ont envie de revenir à une musique amusante, dansante et à de beaux costumes. En plus, ce n’est pas élitiste: tout le monde peut danser le ska.»

Quant à ceux qui voudraient prendre des paris sur l’issue du combat de dimanche, ils feraient bien d’écouter les prévisions, très subjectives, il va sans dire, de John. «Je sais de source sûre que les Smashers sont fatigués, et que les gars des Kingpins sont en pleine forme. C’est comme si on était Rocky Balboa et que les Planet Smashers étaient Jake Lamotta à la fin de Raging Bull. Ils n’ont aucune chance!»

Si Jordan est confiant quant à l’issue de la bataille du Spectrum, c’est que ses troupes se sont récemment entraînées au combat lors d’une difficile tournée pancanadienne. Enfin, presque toutes ses troupes, puisque le guitariste Bobby Beaton et lui-même ont décidé de rester à la maison, à Montréal. «Je n’ai tout simplement plus le courage de me taper les vingt-cinq heures de route pour me rendre à Thunder Bay. Bobby l’a fait avec les Gruesomes il y a plusieurs années, je l’ai aussi fait avec Me Mom, et je peux te dire que c’est une expérience que je n’ai pas envie de revivre», rigole-t-il. On ne vous souhaite pas bonne chance pour dimanche, alors? «Tu devrais garder tes encouragements pour les Smashers, parce qu’ils vont se faire humilier. Mais ce n’est pas trop grave… ils ont l’habitude.»

Le 6 septembre
Au Spectrum
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