Bob Walsh : Trois couleurs: bleu
Musique

Bob Walsh : Trois couleurs: bleu

Lorsque Bob Walsh extirpa de ses tripes son premier album, il était clair que le chanteur allait faire les choses en grand. A l’aube de la cinquantaine, quelques musiciens additionnels pouvaient juste égayer un peu plus la fête. Des cuivres, de la grosse guitare, des overdubs en studio, rien n’était trop beau – ni trop gros – pour Walsh. Il allait l’avoir, sa rutilante Cadillac. Après quelques mois de tournée, la Cadillac est rentrée au garage.

On s’est vite aperçu – et tous les observateurs s’entendaient là-dessus – que Walsh n’avait pas besoin d’un piédestal pour être apprécié. Correction du tir. Bob Walsh, je le disais dans ma critique du nouveau disque, exulte dans l’intimité. Une intimité tout autant appréciable avec la présence de l’harmoniciste Guy Bélanger et celle du bassiste Gaston Breton. On a donc fait les choses simplement, et immortalisé au plus sacrant une de ses performances en trio. Pour sauver Bob Walsh, pour éviter que l’avion ne s’écrase sur la piste de décollage, c’était la chose à faire. Un homme aussi habité par le blues et aussi vrai avec ses émotions a besoin du chemin le plus court pour atteindre son but. Walsh a donc gagné ce second pari, et l’occasion était belle pour souligner l’apport inestimable de ses deux lieutenants de la première heure, Bélanger et Breton.

«On a recommencé à jouer en trio, parce que c’est impossible de garder un groupe sur la route tout le temps, d’expliquer Walsh. Mais c’est aussi le confort de jouer à trois. Gaston et moi, ça fait douze ans qu’on joue ensemble; et Guy, ça fait vingt-trois ans qu’on se connaît. Alors si je pars sur une dérape, je sais que les gars vont me suivre; mais, de toute façon, musicalement, je pars jamais trop loin!»

«J’ai toujours perçu ma contribution comme un complément à ce que joue Bob, de confier Breton. Mon jeu à la basse est tellement lié à son jeu de guitare. Mon but, c’est de mettre en évidence le show de Bob.»

«On ne se prend pas plus au sérieux quand on joue avec Bob, d’expliquer Bélanger, mais notre implication lève d’un cran, c’est inévitable. Il y a tellement d’élasticité dans les chansons qu’il faut que tu prennes ta place.» Et en se retournant vers Walsh, d’un ton moqueur: «Ça fait de la peine à tes créations, hein?» «Plus ça va, de poursuivre Walsh, plus on va faire des harmonies vocales. Ça fait longtemps que je sais que Guy peut chanter et il me le prouve depuis quelques shows.»

Cela saute aux yeux, les dix nouvelles chansons que Walsh a choisi d’inclure sur son live sont le reflet d’une vitesse de croisière durement acquise. Mais avec cet accord tripartite, il n’y a plus de mystère quand vient le temps de sortir les ballades notoirement poignantes (Ain’t No Sunshine de Bill Withers, ou Call the Doctor de J.J. Cale) que Walsh nous sert si bien. On y superpose de la limpidité (These Days et Ma toune) et un peu de groove (The City), assisté sur celle-là, entre autres, par Francine Martel aux percussions, et par Dan Martel au sax alto.

Bélanger a parfaitement résumé l’expérience: «On installe des moods. Quand nos trois instruments convergent, arrive un moment de grâce où l’on n’entend que la chanson et on oublie qu’on joue. C’est le feeling que tout musicien recherche.»y

Le 9 octobre
Au Club Soda