Musique

Retour de son : Plume

Le 3 octobre, au Capitole
Sa réputation n’est plus à faire et il semble que même celle de ses fans soit tout aussi tenace: pour l’occasion, les gens du Capitole ont remplacé les jolis verres sur pied par de grossiers contenants en plastique. On n’y peut rien… On ne peut rien, non plus, contre les trois ou quatre écervelés qui débarquent dans l’amphithéâtre dans le seul but de crier «Bobépine» à tue-tête. Un peu de folklore, qui permet à Plume de bien camper un personnage qu’il prend un malin plaisir à entretenir en brandissant bien haut sa bière ou son cognac.

Si un spectacle de Plume ne tenait qu’à cela, il y a longtemps qu’on l’aurait abandonné aux quelques attardés qui ne réclament que des «vieilles tounes». Depuis plus d’une vingtaine d’années, Plume offre des spectacles d’une grande générosité, d’abord parce qu’il demeure sur scène pendant environ deux heures trente, ce qui en soit est déjà plus que respectable. Générosité aussi parce que, sous des dehors bourrus, le quinquagénaire cherche toujours à satisfaire tout le monde en puisant dans son matériel de toutes les époques, sacrifiant au passage l’album dont il devrait faire la promotion. Un peu dommage, d’ailleurs, qu’on n’ait pas eu l’occasion d’entendre davantage de pièces de Mixed Grill, comme la très belle Kankon, mais enfin.

Musicalement parlant, les Timononks ont une fois de plus démontré leur grande valeur: Oncle Jici (Jean-Claude Marsan, à la guitare électrique) et Oncle Cholet (Denis Masson, à la basse) s’adaptent aux moindres caprices d’un Plume un peu cabotin. Ensemble, ces trois-là nous font vite oublier leur désavantage numérique.

Évidemment, comme tout show de Plume qui se respecte, le tout s’est terminé dans une joyeuse ambiance de party. Mais on en aurait bien pris encore une petite dernière. (P. Frisko)

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Garth Brooks
Le 1er octobre, au Colisée de Québec

Il n’a pas chanté Ain’t Goin’ Down (Till the Sun Comes Up) et fracassé sa guitare durant le solo. Il ne s’est pas non plus entouré d’un cercle de feu durant Standing Outside the Fire. Simplement, Garth Brooks s’est contenté de donner un des meilleurs shows de l’année au Colisée.

Sur une scène rappelant quelques délirants concepts de western-spatial chers aux Japonais, le chanteur country le plus populaire de tous les temps a comblé les attentes des quelque quatorze mille cow-boys enthousiastes venus le célébrer. Sortant d’un piano blanc après une intro digne de Roswell, Brooks a offert l’essentiel de son catalogue comme si sa vie en dépendait. Sauf qu’il était facile de voir que derrière cette urgence se cachait un professionnalisme béton. Car notre homme doit une bonne partie de son succès à son charisme et à une attitude non dénuée de calcul.

En fait, si j’ai une chose à reprocher à Brooks, c’est sa propension à l’auto-promotion. Ainsi, chaque fois que l’occasion se présentait, il évoquait subtilement que telle ou telle chanson se trouvait sur tel ou tel disque et que ses six premiers étaient d’ailleurs regroupés dans un coffret en vente chez tous les bons disquaires. Mais notre homme n’a pas vendu soixante-deux millions d’albums pour rien. Et le public, dupe ou non, ne s’est pas fait prier pour répondre au doigt et à l’oil aux commandes du chanteur, soulevant l’amphithéâtre d’un seul coup de chapeau.
Outre l’énergie inépuisable du chanteur et de ses musiciens, on se souviendra longtemps de la communion exceptionnelle unissant notre homme à son public.