Ripcordz : L'âge déraison
Musique

Ripcordz : L’âge déraison

«Lorsque j’ai fondé ce groupe, il y a presque vingt ans, je me croyais déjà trop vieux pour jouer dans un band punk. Lorsque j’ai fêté mon trentième anniversaire, je me suis dit que j’étais vraiment trop vieux pour continuer mais, réflexion faite, je me suis rendu compte que je n’avais pas l’intention de faire autre chose de ma vie. C’est à ce moment que j’ai décidé de me faire tatouer des images de Ripcordz sur les bras.»

Paul Gott a beau avoir trente-six ans, un job intéressant chez Global TV et des paiements hypothécaires, il demeure l’un des plus productifs et des plus tenaces de tous les musiciens punk montréalais. Qu’il soit maintenant assez vieux pour être le père de la majorité des fans des Ripcordz ne le dérange pas non plus. Comme il le faisait remarquer sur l’album Your Mother Wears Army Boots But Man She Looks So Cool, le fait que deux générations de punks se croisent maintenant lors des concerts a même quelque chose de stimulant.
A preuve, les Ripcordz lancent cette semaine leur huitième album, de la même façon qu’ils l’ont toujours fait. Is That a Squeegee in Your Pocket or Are You Just Happy to See Me? sera offert au grand public sans tambour, trompette ni petits fours, mais lors d’un concert à un dollar, dans la plus pure tradition punk. Avec un titre pareil, les Ripcordz confirment une fois de plus leur attachement à leur public cible et à leur source première d’inspiration: les jeunes marginaux. «Les squeegees constituent probablement la plus grande exportation montréalaise à l’échelle canadienne: on en retrouve partout, de Halifax à Vancouver, lance Paul. Au moment où les candidats à la mairie parlent tous de régler le "problème" des squeegees, on a voulu aborder ce sujet d’actualité, mais en le traitant à la Ripcordz, avec un titre un peu ridicule.»

Malgré ses efforts pour atténuer l’importance de ses textes et sa propension à l’humour («C’est juste du rock’n’roll», se plaît-il à répéter), Paul ne peut nier l’importance de certains messages contenus dans ses chansons. Après tout, on n’intitule pas un album Canadian As Fuck. Québécois en ostie, sans s’attendre à des réactions et à des débats. «Il n’y a pas de message politique au sein des Ripcordz; on est deux francophones et un anglo, et si on se définit fièrement comme un groupe 100 % canadien, c’est surtout par opposition au reste de l’Amérique, pas parce qu’on est des défenseurs du fédéralisme. Il y a trois ou quatre ans, on s’est retrouvés à Calgary le 1er juillet, et on a présenté toutes nos chansons en français. Pour nous, c’est normal: le mouvement punk a toujours été contre les barrières en tous genres.» Après avoir passé toute leur existence à peaufiner leur recette de punk rock mélodique «old school» grâce des centaines de concerts à travers le Canada, les Ripcordz songent maintenant à aller faire un tour ailleurs, en Europe, peut-être. Mais avant de traverser l’Atlantique, les trois Montréalais ont l’intention de fêter dignement leur nouvelle parution avec leurs fans et amis. «Ici, c’est différent: on a la meilleure scène, les meilleurs groupes et les meilleurs fans. Lorsqu’on a joué avec les U.K. Subs, ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas vu autant de punks depuis Londres en 1982. Montréal n’est pas la capitale punk du Canada, elle est la capitale punk du monde!»

Le 16 octobre
Au Jailhouse
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