BTK : Mix univers
Musique

BTK : Mix univers

Son premier album nous a agréablement surpris. Son premier concert nous a vraiment plu. BTK revient à Québec pour deux soirs: voilà un show à ne pas louper.

«Le hip-hop est devenu l’un des genres musicaux actuels les plus conservateurs. Pour connaître le succès dans ce créneau, il faut suivre la recette et ne pas essayer d’être créatif.» A tenir des propos pareils, Stone Groove, du groupe BTK (Birth Through Knowledge), ne doit pas avoir que des amis. S’en prendre au hip-hop en cette décennie, c’est risquer de se faire lapider par la majorité des ados du continent; s’en prendre au hip-hop lorsque tu fais partie d’un band hip-hop, c’est inviter insolemment tous les amateurs et les critiques à te taper dessus…

Deux années ont passé depuis que Stone Groove a fait cette déclaration à un journaliste. Au cours de cette période, le MC a prouvé deux choses: oui, il a une grande gueule; mais il a aussi beaucoup d’imagination et de talent. Avec Lo-Ki (l’autre moitié du noyau de BTK), Stone Groove a concocté une mixture sonore éclectique et épatante qui a la robustesse du rock, la force de frappe du hip-hop et le charme mélodique de la pop. Les qualificatifs pour décrire cette musique sont aussi nombreux que contradictoires: déstabilisante mais accrocheuse, arrogante mais ironique, éclatée mais cohérente. Finalement, la meilleure description du son de BTK provient de Lo-Ki lui-même: «C’est un peu comme si tu "gossais" après une antenne de radio et que tu finissais par capter toutes les chaînes en même temps.» Concrètement, BTK a évidemment plus d’affinités avec BV3 qu’avec Dubmatique. Les intégristes hip-hop et les fanas de rock risquent de ne pas aimer. Pas assez pur. Lo-Ki, Stone Groove, Adam, Matthew 5000 et DJ Spinz s’en foutent: ils s’adressent d’abord et avant tout à tous ceux qui ne savent jamais quoi répondre à l’éternel «Quel genre de musique t’écoutes?»

Étonnamment, l’industrie s’est vite montrée intéressée à ce groupe assez déjanté. Suite à la parution d’un premier mini-album, en 1996, BTK a même discuté avec quelques labels américains. Plutôt que de plonger pour le plus gros chèque, les Torontois ont été patients. Cela leur a permis de garder toute l’indépendance nécessaire à l’élaboration de leur excellent album éponyme, lancé plus tôt cette année par le label new-yorkais Ignition Records.

BTK sur disque, c’est vraiment bien. Mais il faut les voir sur scène pour bien mesurer leur force de frappe. Après un concert franchement réussi au début du mois de septembre, l’éclectique quintette se ramène à Québec pour deux soirs. Et tant pis pour les intégristes de tous acabits!

Le 22 et le 27 octobre
A la Maison de la musique Bernard-Bonnier (22)
Au Kashmir (27)