

Luke Slater : Retour vers le futur
Parazelli Éric
Lors des rétrospectives musicales de l’année qui s’achève, dans le domaine des musiques électroniques, le Freek Funk de Luke Slater devrait amasser sa part d’éloges. La presse spécialisée y est allée de comparaisons des plus flatteuses («d’un futurisme que n’aurait pas renié Kraftwerk, et d’un funk digne de George Clinton»; «résultat d’un hybride entre Richie Hawtin et Underworld»), qui servaient, avant tout, à mettre en relief le travail discret, intègre et sans tape-à-l’oil du musicien, D.J. et remixeur originaire de Brighton, en Angleterre, aussi connu précédemment sous les noms de Planetary Assault System, Clementine et The 7th Plain. Des expériences antérieures qui lui ont donné la réputation d’ambassadeur britannique du son de Detroit sur les planchers de danse.
«Comme j’avais surtout fait des disques pour les clubs, m’explique Slater à l’autre bout du fil, avec Freek Funk, j’ai voulu faire un disque que les gens écouteraient comme ils écoutent un album rock conceptuel.» Quoi? Luke Slater, un fan de rock? Eh oui! Mais de rock progressif, pour être plus précis. En fait, ses premières armes musicales, il les a faites à l’âge de douze ans, comme batteur au sein de groupes de rock progressif! «Ce que j’ai appris, entre autres, c’est que la musique ne doit pas nécessairement être pop. J’ai écouté beaucoup de rock progressif underground et, dans ce genre, ce n’est pas tant les mélodies qui comptent que les sons, les structures et le concept qui encadre le tout. Et j’aimais beaucoup ça… Mais je suis influencé par plein d’autres choses aussi. Je suis la somme de mes expériences. Je viens de l’old school, de la rue, des beats, des break-beats et de l’électro; j’aime ce qui est vrai et brut. Malheureusement, c’est lorsque les hommes en habit-cravate s’approprient la musique de la rue qu’elle en ressort polie et vidée de sa substance.»
«Au début de l’histoire de la musique électronique, continue Slater, c’était une forme d’expression tout à fait expérimentale; il n’y avait pas de formules toutes faites. C’est ce qui m’a intéressé; il n’y avait pas de limites à ce que je pouvais faire. Et ce qu’il y a de merveilleux; c’est que c’est à la portée de tout le monde; ce n’est pas cher, on n’a qu’à appuyer sur des boutons… N’importe qui peut faire un disque techno, mais qui peut se vanter d’en faire un bon? Ça, c’est autre chose…»
Il y a une dizaine d’années maintenant que Luke Slater accumule les expériences. Et Freek Funk lui a permis d’aborder la musique avec une ouverture d’esprit qui devrait l’amener à nous présenter, d’ici l’an prochain, un concept live assez inédit pour le genre: «J’ai fait beaucoup de performances live avec Freek Funk, mais tout était électronique. Je travaille présentement sur le prochain album et sur un spectacle qui pourrait suivre. Cette fois, je serai accompagné d’un vrai groupe. Ça devrait être assez intéressant.» En attendant, profitez de son doigté de D.J…
Le 30 octobre
Au Sona