Mass Hysteria : Voyous ou héros
Musique

Mass Hysteria : Voyous ou héros

Six mois après ses mémorables concerts au Ballroom et à Limoilou, Mass Hysteria est de retour à Québec. On fait le point avec MOUSS, chanteur de ce groupe pour qui «la vie n’est pas un combat, mais une passion à défendre».

Ça se passait en mai dernier, au sous-sol de l’église Saint-Esprit à Limoilou. L’air était chaud et terriblement moite. Les murs suaient presque autant que les nombreux spectateurs en nage. Après un set survolté de Putrid, voilà qu’une bande de véritables alchimistes du heavy s’emparent de la scène. Leur musique a la lourdeur du hardcore, la puissance de feu du métal, mais aussi une surprenante souplesse, qui lui est conférée par une judicieuse utilisation de boucles rythmiques et d’effets sonores d’ambiance. Ce rouleau compresseur capable de grâce et de légèreté, c’était le groupe français Mass Hysteria.

Ceux qui suivent de près la scène underground française connaissent bien Mass Hysteria. Avec les Oneyed Jack, Lofofora, Spicy Box et consorts, MH fait partie de ce courant «fusion» qui brasse l’Hexagone depuis quelques années. Mais, contrairement à plusieurs groupes qu’on lie à ce «mouvement», MH ne raconte pas les malheurs des cités et ne fait pas le procès de la société dans laquelle il vit. Mouss, parolier et chanteur de MH, gueule positif. Il préfère crier: «La vie est la question, l’amour est la réponse» que de chialer contre le Front national et les flics. C’est un choix délibéré et complètement assumé.

«J’écoute beaucoup de rap et beaucoup de hardcore; quand tu résumes tout ça, tu constates que c’est un peu antisocial», raconte Mouss. Un peu lassés de ce discours quelque peu nihiliste, les mecs de MH voulaient proposer une autre philosophie. «On est résolument positifs, mais pas naïfs, précise le chanteur. On est conscients que c’est la merde, qu’il y a des difficultés. Sauf que, à un moment donné, il faut se dire "merde!, la vie vaut vraiment la peine d’être vécue!", croit Mouss. Tu n’écoutes pas MH et après t’es heureux, ce n’est pas vrai. Mais on essaie, par nos textes et notre philosophie, d’agir sur la réflexion de quelqu’un.»

Les mecs de MH ont décidé d’éclairer le beau côté des choses. Mais qu’est-ce qui a motivé ces gars-là à prendre une guitare plutôt que de devenir des voyous? L’amour de la musique, bien sûr. Mais il y a plus: «Je pense qu’il y a une question d’époque. Quand on était plus jeunes, c’était moins dur que maintenant, observe Mouss. Nos parents avaient un peu de travail, nos grands frères aussi. J’ai eu des grands frères qui étaient des voyous, mais ils se sont rangés, ils ont pris un boulot. Aujourd’hui, à dix-huit ans, si tu veux arrêter les conneries, y’a pas de boulot…»

Pour MH, par contre, ce n’est pas le travail qui manque. Après la tournée québécoise qu’ils ont effectuée avec GrimSkunk, les Français sont rentrés chez eux nous concocter… deux nouveaux disques! Le premier est un (excellent) album live enregistré au Spectrum de Montréal. Le second, intitulé Contraddiction, est le deuxième disque studio de MH et il paraîtra en France au mois de janvier. Malgré son titre, Contraddiction poursuit le travail amorcé avec Le Bien-être et la Paix. Seule la méthode a changé: «Sur Le Bien-être…, les guitares sont posées sur les boucles sonores. Sur [Contraddiction], presque toutes les chansons ont été composées sur des instruments avant tout. Ensuite on disait à Overload System [le responsable des séquences programmées], "voilà, démerde-toi"…» Selon Mouss, cette nouvelle façon de fonctionner rapproche MH du son qu’il a toujours cherché.

En attendant de savoir si les deux nouveaux disques seront distribués de ce côté-ci de la grande flaque (les mecs de MH et les gens du label Indica discuteront de cette question au cours des prochains jours), on pourra se procurer l’album live lors du concert. Ce dernier sera également l’occasion de se familiariser avec nouveau matériel de MH. La première partie de ce concert qu’on prévoit intense et énergique sera assurée par Guérilla, un autre poulain d’Indica.

Le 20 novembre
Au Kashmir