La Constellation et Rainmen : Épopée rap
Musique

La Constellation et Rainmen : Épopée rap

Le hip-hop vient bel et bien de s’inscrire dans le paysage musical québécois. De nouvelles formations comme La Constellation et Rainmen entendent poursuivre l’aventure et faire du Québec une véritable plaque tournante du rap francophone.

La Constellation
Le rap est bel est bien entré dans le paysage québécois. Récupéré à toutes les sauces, aux États-Unis, le genre est devenu une force majeure depuis des lustres alors qu’ici, les diffuseurs et les producteurs se sont longtemps fait tirer les oreilles. Après que la France ait été balayée par la vague, le Québec ressemblait à ce petit village d’irréductibles Gaulois donnant plus volontiers le haut du pavé à une pléthore de groupes folk-rock datés.

Après que la France, donc, nous ait donné les Mc Solaar, IAM et compagnie, Dubmatique, Shades of Culture et La Gammick commençaient à prendre la place qui leur revenait. Un autre groupe, de Québec cette fois, et plus précisément de Saint-Nicolas, vient de faire une entrée spectaculaire dans le petit monde du hip-hop québécois.

Propulsée à l’avant-scène par le percutant clip accompagnant le tube Le Septième Jour, La Constellation, formée de 2 Faces et de Onze, entend profiter de la vague pour s’ancrer solidement dans le cour des aficionados. Contrairement aux groupes qui mâtinent leur hip-hop de refrains soul, notre tandem se la joue pure et dure; que de la tchatche sur des rythmiques tantôt groovy, tantôt planantes. Même si on peut y voir une filiation avec le style IAM, dans la façon de délivrer les rimes, notamment, les gars assurent que le groupe marseillais ne constitue pas une de leurs influences. «On rappe en français, mais ce n’est pas du rap comme ce qui se fait en France, précise Onze. Nous respectons les groupes français, mais nos influences sont majoritairement américaines, ça déchire plus…»

«On ne rappe pas en joual, renchérit 2 Faces, mais dans un français international, il y a une nuance.» Le duo, qui sera en première partie de Rainmen, a encore du mal à saisir toute l’amplitude de ce qui lui arrive. «Tout va très vite, explique 2 Faces, on s’est connus il y a trois ans, on a enregistré cinq ou six morceaux qui sont tombés entre les mains des dirigeants de Tacca, qui ont décidé d’acheter l’album en license. Ça paraît simple mais on a beaucoup travaillé.» Après avoir assuré, notamment, la première partie des Backstreet Boys en août dernier, La Constellation nourrit plusieurs projets: «On voudrait faire une compil de rap avec des groupes de Québec et de Montréal et faire une soirée hip-hop au Festival d’été, ça serait cool, mais on verra, laisse tomber Onze.

En attendant, nos amis, outre s’occuper de la promo, s’affairent à monter leur premier spectacle complet, qui devrait prendre la route au début de l’année prochaine.

Rainmen
Jusqu’à présent, le hip-hop québécois s’est montré assez sage. Dans la foulée de Dubmatique, plusieurs groupes ont choisi de rapper «positif» dans un langage plutôt châtié. Sadlifah et Eerie, les deux mecs de Rainmen, n’ont pas sauté dans ce train en marche. Même que sur la pochette de Armageddon, le premier album du duo, on peut lire cette inscription par trop connue: «Contient un langage qui peut être inconvenant pour certains auditeurs».

Est-ce à dire qu’on a droit à un déluge de sacres et une enfilade d’insultes? Pas vraiment. C’est seulement que Sadlifah (17 ans) et Eerie (19 ans) dépeignent de façon crue ce qu’ils voient autour d’eux et glissent au passage quelques «fuck», «salope» et autres mots «inconvenants». «On écrit comme on parle, explique simplement Sadlifah. On fait tout comme on parle en fait. Je ne vais pas commencer à essayer de trouver des beaux mots et tout cela. C’est sûr qu’il y a un peu de vocabulaire aussi, mais, en général, je vais rapper comme on parle dans la rue.»

«Hip-hop de rue». Cette expression chère aux Marseillais de Funky Family convient très bien à Rainmen. Même s’ils adhèrent aux grandes valeurs véhiculées par le hip-hop (respect de soi et de l’autre, unité, etc.), les deux jeunes Montréalais ont choisi de faire un hip-hop de combat. La vie n’est pas rose; c’est ce qu’ils disent et répètent en abordant des sujets comme le flouze (le fric), les injustices sociales, le sida ou le racisme. «Je pense que c’est ce qui était attendu au Québec», conclut Sadlifah.

Le 27 novembre
Au Cégep de Limoilou