Henri Band : Troisième période
Musique

Henri Band : Troisième période

Effectuer sa rentrée montréalaise un 29 décembre, comme l’annonce Robert Simard, relève d’un humour caustique. On s’imagine bien que l’agenda culturel des cinq membres d’Henri Band est affaire de dérision. A contre-courant des rouages de l’industrie de la musique, les membres du groupe ont pris le pari, après trois albums, de continuer à manufacturer artisanalement leurs idées. De microbrasser leurs insolences. Selon leur propre horaire et à leur cadence, au risque d’exaspérer les plus exigeants. Au mois d’avril dernier, Henri III s’aventurait timidement sur les palmarès, mais comme la grande réussite d’Henri Band repose d’abord sur son côté scénique, il fallait attendre le moment opportun pour jauger l’album. Le dernier spectacle du groupe à Montréal remonte à septembre 1997, si l’on exclut leur participation au concert de la Saint-Jean cette année. L’humour subversif des textes de Robert Simard, en cette fin d’année, devrait donc trouver donc des oreilles attentives et affamées. Le rock’n’roll agricole des cinq gars de Saint-André, égayer des danseurs assoiffés et ragaillardis.

Mais doit-on parler d’un party de fin d’année? Henri Band a beau compter sur un arsenal primaire d’instruments et se pervertir dans les bras de la douce bouteille, reste qu’ils ont la prose mordante. Le cynisme facile. Et c’est comme ça qu’on les aime: élégants dans leur déliquance: «Je pense qu’on a investi notre pension de vieillesse là-dedans, rigolait Simard la semaine dernière. C’est le goût de triper, tout simplement. Cet album-là, je l’ai fait en plusieurs tableaux, comme si je montais une exposition en treize volets. Et la grande différence avec les deux précédents, c’est qu’il y a un type d’éclatement qu’on ne retrouvait pas avant. On n’a jamais aussi bien chanté que sur Henri III. On a passé tout l’hiver dernier en studio, en prenant notre temps, et on a mis beaucoup l’accent sur les arrangements, sur les voix, etc. Henri II était au contraire un album chargé, où l’on explorait toutes les avenues du rock de campagne. Là, on dirait qu’on est revenu à notre formule première, celle des chansons de deux, trois minutes.»

Sans l’amitié qui lie les cinq membres, probablement qu’Henri Band tirerait sur la plogue. Christian Légaré à l’accordéon (presque omniprésent dans le son du groupe), Daniel Gagné à la batterie, mais aussi aux guitares, Stéphane Arsenault à la basse (son nouveau rôle de papa a ralenti la sortie du disque) et Benoît «Ti-Loup» Desjardins à la guitare sont les complices qui cimentent le tout. Même qu’un autre ami du groupe, Michel Faubert, s’est permis quelques incantations sur le disque. Lors d’une entrevue précédente, il y a deux ans, Simard m’avait décrit Henri Band comme un superbe free for all. Appelé à commenter cette affirmation, il précise: «Il y a beaucoup de références. Cette fois, on a l’impression de voyager, de sortir du Québec. Juste à écouter la première pièce, Et si ce n’était que de la pluie, on se croirait en Europe de l’Est.»

«J’ai l’impression qu’on est toujours la même gang de ti-culs qui se rencontrent deux fois par semaine, pour jouer avec toujours le même crisse de fun. On ouvre une bière, on s’amuse, on compose. Je ne sais pas si ça a vraiment changé.»

Le 29 décembre
Au Cabaret