Le 13 décembre, au Capitole
Les Colocs ont sorti l’artillerie lourde pour conquérir le Capitole. Sur scène, Dédé Fortin, Mike Sawatzy et André Vanderbiest étaient flanqués de pas moins de sept autres musiciens. Saxophone, violon, clarinette, harmonica, trompette, batterie (deux!) et percussions, ensemble, ces joyeux lurons jouaient de tout, ou presque. C’est donc à une véritable orgie musicale qu’on était convié dimanche dernier.
Si vous avez assisté au concert débridé que Les Colocs ont offert cet été dans le cadre du festival Envol et macadam, faites le vide. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on a entendu au Capitole. C’était aussi bon, mais radicalement différent. La bande à Dédé Fortin a toujours aimé l’harmonica et les cuivres, bien sûr, mais le trio a vraiment traversé une frontière: aujourd’hui, Les Colocs tripent swing et reggæ à fond la caisse. La trompette, le saxo et l’harmonica prennent plus de place que jamais et les guitares se font souvent indolentes. Dehors novembre a beau être un disque plus gris que les précédents, c’était la fête du rythme et de la danse. Comment faire autrement quand, sur scène, il y a deux batteurs, deux joueurs de tam-tam et que les chansons s’étirent dans de longs passages instrumentaux envoûtants? On va se rappeler longtemps de cette magnifique version de Juste une p’tite nuit, pendant laquelle le fabuleux harmoniciste a fait planer sur la salle une brûlante mélancolie.
La seule chose qu’on peut regretter à la sortie de ce concert quasi-impeccable (il y a bien eu quelques petits problèmes de son), c’est qu’il se soit tenu au Capitole. Dans cette immense salle, Dédé n’arrivait pas toujours à recréer l’intimité nécessaire à un vrai bon party avec Les Colocs. Le même show dans une plus petite salle et c’est l’enfer. Juré. Mais bon, c’est presque faire la fine bouche que de dire cela…