Moins d’un an après avoir raflé les honneurs du dernier concours Pro-Scène, Projet: Orange, de Québec, a été couronné au dernier Empire des futures stars. Tous les espoirs sont désormais permis.
L’action se passe à Montréal, dix jours avant Noël. Sur la scène du Spectrum, sous l’oil scrutateur de caméras de télé, trois groupes se font la lutte: Yelo Molo, Venus III et Projet: Orange. Fait intéressant, les deux derniers sont originaires de Québec et partagent le même local de répétition… Les musiciens doivent mettre toute la gomme: ils n’ont le droit de jouer que trois chansons pour convaincre le jury. A priori, cela ne sert pas un groupe comme Projet: Orange. Loin d’être dénué de punch, son rock alterno mise cependant davantage sur la profondeur mélodique et les atmosphères. Ce sont pourtant ces enfants de Radiohead qui ont remporté la palme.
A écouter le guitariste Jean-Sébastien Boies raconter l’histoire de son groupe, on dirait que rien n’est plus banal que le parcours de Projet: Orange. Au départ, c’était un sous-projet de plusieurs musiciens impliqués dans différents groupes. Le nom du band, à la fois curieux et accrocheur, ils l’ont choisi sur un coup de tête, deux heures avant leur toute première prestation il y a plus de deux ans. Par la suite, ils peaufinent leurs chansons pendant plusieurs mois avant de se pointer sur scène pour gagner l’édition 1998 du concours Pro-Scène. Six mois plus tard, les gars débarquent à Montréal pour la première fois avec leur matériel et en reviennent avec le titre d’empereur des futures stars… et l’Étoile de la meilleure chanson pour Air Malin. On a vu plus banal!
Un mois après leur couronnement, Jean-Christophe Boies (voix et guitare) et son frère Jean-Sébastien jubilent. «Avant de s’inscrire à l’Empire, on ne pensait pas être prêts pour ça, confie Jean-Sébastien. Ça va assez vite, on ne réalise même pas encore tout ce qui se passe. Il y a plein d’affaires qui arrivent en même temps et c’est très motivant.» «On avait été avertis que ça pouvait se passer de cette façon-là, rajoute Jean-Christophe, mais tant que ce n’est pas arrivé, tu ne peux pas savoir comment les choses vont se présenter. Depuis qu’on a gagné l’Empire, le téléphone n’arrête pas de sonner. Il y a plein de choses qui se présentent sur la table, alors on regarde le menu…»
Qu’y a-t-il au menu? «Il y a Peter Gabriel qui a décidé de nous prendre sous son aile», blague Jean-Sébastien, montrant clairement qu’il n’a pas le droit d’en parler. «Sérieusement, il y a des choses qui avancent, mais on n’a rien à dire officiellement. Aussitôt que ça va être fait, on va en parler et ça va nous faire plaisir», se borne-t-il à répondre.
Pendant que leur gérant examine les contrats de disques, les frères Boies, Louis Lalancette (basse), Stéphane Langelier (guitare) et Luc Dalla Coletta (batterie) font le grand ménage dans leur répertoire. Pour eux, le «vrai» travail ne fait que commencer. Quelles pièces méritent d’être gravées sur DC, lesquelles doivent être oubliées, lesquelles ont du potentiel? «C’est le dernier sprint avant l’album», résume Jean-Sébastien, qui insiste pour dire que ce temps de préparation est nécessaire et très «précieux».
Ce qui branche les gars de Québec, c’est qu’ils disposent maintenant de nouveaux moyens techniques pour faire la musique qu’ils veulent. «Jusqu’à maintenant, on n’avait pas vraiment travaillé avec des samplers et des machines. C’était juste nos guitares et on imaginait des choses, on faisait des bruits avec nos bouches, raconte Jean-Sébastien en riant. Avec le prix de l’Empire, on s’est acheté un premier gros sampler, on va pouvoir concrétiser nos idées. On est des tripeux de son, je pense que ça va être ben l’fun quand on va entrer en studio.»
Pas trop surpris par la tournure des événements, les frères Boies sont optimistes sans cesser d’être réalistes. Gagner l’Empire, ça donne surtout un bon élan pour la suite des choses. «Je n’attendais pas de l’Empire qu’il fasse débloquer complètement les choses pour le groupe», dit Jean-Sébastien. «Mais je pense que l’industrie québécoise est prête à recevoir du matériel alternatif un peu plus actuel, en français», conclut-il.
Le 19 janvier
Au Kashmir