BARF : Poids lourd
Musique

BARF : Poids lourd

Quelques semaines après avoir lancé son quatrième album, un des groupes montréalais les plus lourds monte sur les planches du Spectrum. Ça va chauffer…

Lors du lancement de Catharsis, en décembre dernier, Marc Lamothe, vice-président de Press-Play Productions, affirmait: «Le quatrième album de Blasten All Rotten Fuckers est le disque de la maturité, celui qui permettra au groupe de faire sa marque.» «Personnellement, affirme le chanteur Marc Vaillancourt, je considère que BARF est lancé au Québec, mais qu’il n’a jamais cassé la baraque. Et pour la casser, la baraque, un groupe doit vendre au moins quinze mille albums. Groovy Aardvark et GrimSkunk ont réussi. Ce n’est pas notre cas.»

Comment expliquer cette réalité? Tout d’abord, parce que BARF (composé du guitariste Denis Lepage, du batteur Peter Jackson et du nouveau bassiste Dominic «Forest» Lapointe) est distribué majoritairement au Québec, les distributions européennes ou canadiennes étant médiocres. Mais surtout parce que 50 % du matériel du groupe est en français. «On est catalogué comme un groupe francophone, et ça nous bloque au niveau de l’exportation. Le marché musical international est anglophone, ce n’est une révélation pour personne.»

Pourquoi chanter en français, alors? «On aurait pu chanter en anglais seulement, mais quand tu commences quelque chose, tu ne sais pas toujours où tu t’en vas! Cependant, le français nous a aidés à nous mettre sur la map. Si BARF a réalisé une chose jusqu’à présent, et est considéré comme un pionnier en la matière, c’est bien d’avoir poussé le français dans le milieu alternatif. C’est peut-être un adon mais après la sortie de notre premier démo, en 1987, plusieurs groupes se sont mis à chanter en français», lance Marc. Cela dit, si un label leur demandait un disque anglophone en prévision d’une distribution internationale, les gars n’hésiteraient pas. «Évidemment, s’il y avait une recette pour casser la baraque, je l’aurais cuit! dit Marc en riant. Toutefois, pas question de se mettre à dos les fans d’ici pour une question de langue.»

Marc est assez content de Catharsis car, selon lui, il est bien produit et mieux dosé que Surprise (1995). D’ailleurs, le point fort du groupe, c’est la variété des styles qu’ils explorent musicalement. En l’espace de seize morceaux, on passe du grindcore au death, le tout arrosé copieusement de blast beats et de mush beats. «Je me suis toujours dit que cette variété allait un jour être l’as de notre jeu de cartes, nous permettant de nous faire remarquer parce qu’on ne sonne pas comme tous les autres. De toute façon, essayer de coller une étiquette à un groupe, c’est se casser la tête pour rien.»

A cause du départ du bassiste Gilles Roger, c’est le guitariste Denis Lepage qui a enregistré la basse sur Catharsis. «Gilles n’a pas été remercié par le groupe. Il a été expulsé pour une période d’un an par Immigration Canada, suite à des problèmes de visa de travail. Il est retourné en France avant qu’on commence à travailler sur les nouvelles compos. Une fois le studio terminé, on a passé des auditions. Pour l’instant, Forest (du groupe Gore) fait une très bonne job. On ne sait pas ce qui se passera dans un an.»

Mais revenons au studio. Après quatre albums, les gars ont remarqué qu’ils répondaient très bien à la pression. «Dans le genre, deux mois avant d’entrer en studio, il nous manque encore huit morceaux…! Mais finalement, au moment d’enregistrer, 85 % de l’album est prêt, même si beaucoup de choses sont finalisées lors de l’enregistrement», précise Marc. Souvent, au fil des ans, les influences d’un groupe ou ses goûts musicaux changent. Ce n’est pas nécessairement le cas de BARF. «Disons que mes goûts n’ont pas énormément changé. En tout cas, j’écoute encore du heavy: Macabre, Fear Factory, Napalm Death, du vieux Slayer, Black Sabbath, Plume Latraverse. Du hardcore aussi, D.R.I., Suicidal Tendencies. Il n’y a rien de bien extravagant dans mes choix musicaux mais ce que j’aime, je l’aime à fond.»

Eh, oui, admet-il, c’est important de se ressourcer dans d’autres styles. «Je dirais que dans le groupe, on a tous une base heavy mais qu’on a aussi chacun nos petites folies. C’est important d’être ouvert, mais quand j’écris des textes ou musiques, ce qu’il y a alentour ne m’influence pas. Moi, j’aime ça blaster, et même si j’écoute Richard Desjardins dans l’après-midi, ça ne m’empêchera pas de jouer heavy quand je vais jammer avec les gars le soir.» Il ajoute que s’il avait le goût de faire autre chose, il ferait comme Denis avec Guano. «En général, la vie m’influence bien plus que la musique. Ma source d’inspiration, c’est les médias.»

Le 5 février Au Spectrum