Au Petit Campus, le 11 février
Les attentes étaient grandes lors du premier «vrai» concert montréalais des lauréats de l’Empire, comme en témoignait la présence d’une légion de représentants de compagnies de disques au Petit Campus la semaine dernière. Affirmons d’emblée que Projet: Orange a accompli sa mission: bien qu’il ne se soit pas encore distancié du son Radiohead (on frise parfois le mimétisme), le groupe de Québec a livré une performance impeccable. Si Projet: Orange est un groupe aussi efficace, c’est surtout grâce au talent du chanteur Jean-Christophe Boies dont le registre et la précision sont tout simplement étonnants. Pas figé mais plutôt stoïque, à l’exception de son petit numéro de crooner mal placé, Boies pourrait prendre des cours d’abandon de son bassiste et ainsi devenir un chanteur avec lequel il faudra compter. Le talent et l’efficacité sont là; espérons seulement que l’inévitable contrat de disques qui attend le groupe ne l’empêchera pas de faire preuve de créativité et de transcender ses influences.
En deuxième partie, Catherine Durand a dû composer avec un public un peu plus clairsemé et beaucoup moins attentif. Si sa petite pop légère prend du coffre sur scène (elle s’est elle-même étonnée de l’efficacité de la guitare électrique), elle dépasse difficilement les premiers rangs, malgré une certaine agressivité apparemment motivée par la gêne. Peut-être est-ce dû à cette étrange façon qu’ont les notes de venir mourir dans son palais, malgré les voyelles ouvertes qui transforment invariablement «mystère» en «mystaaaaère»? On ne demande pourtant qu’à tomber sous le charme de sa pop, qui rappelle parfois celle d’Autour de Lucie. La prochaine fois? (Nicolas Tittley)
Luciano
Au Medley, le 13 février
En arrivant au Medley, samedi soir, on constate que Prym Tym du sound system Virgo est aux tables tournantes, qu’il est dix heures, que l’endroit est vide, mais que pourtant toutes les tables et chaises du parterre ont été remisées. Cool… les Jamaïcains arriveront vers onze heures trente, se dit-on, et, si on est chanceux, Luciano se pointera sur scène vers minuit, après une bonne prestation de Jah Cutta et Mello G avec le Determination Band, et le segment interminable des artistes de King of Kings, à l’exception du prometteur Chrisinti. O.K. d’abord, vers une heure, le timing serait parfait… Une heure et demie sera l’heure fatidique. Notre anticipation aura dépassé son seuil de tolérance, et, malheureusement, on n’accueillera plus Luciano avec la déférence qui lui est due, on souhaitera plutôt pouvoir se taper le show en fast forward… Dean Frazier se lance dans une interprétation fatiguée de Redemption Song, et on sent que le FireHouse Crew est pressé d’égrener son répertoire. Mickey General y va de son segment, prestation honnête comme à l’habitude, mais on bâille. Sizzla, comme par les années passées, aurait su mettre le feu aux poudres, mais on le verra plutôt en vedette au Medley dans quelques semaines, chicane oblige. Luciano entre donc finalement en scène, habillé sobrement d’un complet couleur sable, une bible sous le bras et offre une version écourtée de la prière habituelle. Une fois la machine en marche avec He’s My Friend, on sentira vite que la prestation de ce soir ne se classera pas au rang des meilleures parmi la tournée d’une vingtaine de villes. Dommage, maintenant que le grand public connaît mieux son matériel, Luciano aurait eu avantage à donner une prestation de la trempe des deux premières… (Richard Lafrance)
La chanson de la semaine
Touch & Go Would You…? Go to Bed With Me… (V2/BMG)
Que ce soit en anglais, en espagnol ou en français, il n’aura jamais été aussi facile d’arriver à ses fins… Après l’Europe, c’est maintenant à notre tour de siffler l’air du solo de trompette de Would You…? Vous avez dit novelty?