Musique

Retour de son : Noir Silence

Le 12 février, au d’Auteuil
C’était soir de retrouvailles vendredi dernier au d’Auteuil. Après six mois de repos forcé, Noir Silence effectuait son retour sur scène. L’atmosphère était fébrile: avant même que les Beaucerons ne mettent un seul orteil sur scène, le public, nombreux, sifflait et applaudissait déjà. Visiblement, le groupe a été touché. Lorsqu’on a enfin tiré les rideaux, les cinq musiciens affichaient tous un sourire des plus éloquents. Comme ragaillardis par cet accueil chaleureux, Jean-François Dubé et sa bande ont redoublé d’ardeur et joué leur rock avec un aplomb réjouissant.

Contre toute attente, Noir Silence a joué Le P’tit Gars d’à côté au cours du premier quart d’heure du concert, comme si le groupe voulait signifier qu’il était passé à autre chose. D’ailleurs, les spectateurs ont eu droit à quelques nouvelles chansons. Après les textes plus sérieux de Piège, les musiciens reviennent à une inspiration plus juvénile: l’école primaire et les souvenirs d’enfance. Musicalement, pas de grande révolution, mais il y a tout de même un peu de neuf: Noir Silence se frotte au rock’n’roll. Au sens sixties du terme. Les rythmes sont presque enjoués et les musiciens travaillent beaucoup les harmonies vocales. Bref, les nouvelles chansons témoignent d’une légèreté qu’on ne retrouve pas sur Piège.

Une fois la salle bien réchauffée avec des interprétations «électriques», les musiciens ont, comme promis, sorti guitares acoustiques et bongos. Mais cet intermède n’a duré qu’un court moment; le batteur et le pianiste sont vite retournés à leur place habituelle.

«On a été absents tellement longtemps qu’on avait peur que vous ne soyez plus là*», a lancé Jean-François Dubé en milieu de concert. Noir Silence n’avait pas à se faire de mauvais sang. Toute la soirée, son public lui a fait la fête. Il faut dire que ce spectacle était de beaucoup supérieur à celui que le groupe avait donné au Capitole l’année dernière. Une salle de la taille du d’Auteuil convient mieux au contact intime que cherchent à établir Jean-François Dubé et ses amis. Reste un seul problème à régler: Noir Silence n’a pas encore assez de vraies bonnes chansons pour soutenir l’attention pendant deux heures. Le groupe a de gros hits, mais son répertoire manque encore de profondeur.