Musique

Sounds of Blackness : Noir de monde

Sur le très chargé dépliant annonçant la deuxième édition du gala Sounds of Blackness, on peut lire: «un projet de Don Corleone», «réalisé par Don Corleone». Avec l’explosion que le hip-hop et la musique urbaine en général connaissent ces temps-ci, le Don en question aurait très bien pu être italien; or, il s’agit d’un jeune et charismatique «Québécois d’origine haïtienne», comme il se plaît à le rappeler; et je l’ai rencontré… au grand jour.

«J’ai surmonté beaucoup d’obstacles aussi bien en tant qu’acteur que producteur, raconte Ruddy Eloi, surtout connu jusqu’ici grâce à sa participation à la télé-série Watatatow. Un soir, je regardais le film Le Parrain – ce gars-là est à la tête d’un empire; non seulement il call les shots, mais les shots sont bien callées en plus! Même si beaucoup de monde ne l’aimait pas, il était quand même numéro un… Moi aussi, je suis du genre persévérant, fonceur. Un peu fouineux, même. J’ai été au gala Métrostar en 96, et j’ai eu l’idée d’un projet pilote, un show culturel, montrant le côté positif noir, combinant toutes nos qualités, qu’on a monté en deux mois, avec un budget de 20 000$. On a vendu tous les billets en quatre jours!»

Convaincu du même résultat avec cette deuxième édition, il a l’ambition d’implanter un gala qui serait aussi respecté que celui de l’ADISQ. «S’il existe un gala des Masques avec toute la controverse qu’il suscite, le gala de l’ADISQ, et maintenant un gala des humoristes, ce que je veux montrer d’abord et avant tout aux autres producteurs, c’est que même si le gala est d’abord pour nous, les Noirs, nous ne leur fermons pas la porte comme eux nous la ferment, lance Ruddy. Quand on regarde La Constellation, LMDS – ils ne sont pas noirs, mais ce qu’ils font relève de la culture noire, c’est du hip-hop. On veut honorer les gens de la communauté, ainsi que les artisans de la culture noire, ceux qui en font la promotion, comme les D.J.- je pense à Jojo Flores qui est asiatique, par exemple.» Cette année, une académie a été créée, et c’est elle qui a tranché dans les vingt catégories (musicales et radiophoniques); de plus, on a développé huit catégories pour lesquelles le public peut voter sur le site Internet (www.sobawards.com). Plus de mille votes ont été enregistrés dans les premières semaines.

«Les Noirs, quand ils sortent pour quelque chose de glamour, ils ne niaisent pas, affirme-t-il. Tu vas voir des limousines, pis c’est les parents qui sortent, les enfants, tout le monde. L’ambiance est plus conviviale qu’à un autre gala, ça c’est sûr.» Autre difficulté majeure: rassembler les communautés francophone et anglophone. Ce qu’on suppose loin d’être évident se passe très bien, selon Ruddy. «Le show n’est pas bilingue, il est en trois, quatre langues: il se fait en créole, en patois, en anglais, en français. Pas de barrières: tu fais ce que tu veux, man…»

Le 20 février
Au Théâtre Saint-Denis