Musique

Live à Montréal : Balthazar

Le 26 février, au Cabaret

Parfois, la perte d’un membre dans une formation rock peut déstabiliser fortement les fondations mêmes de leur son. Mais si toutes les formations dans cette situation s’en tiraient aussi bien que l’a fait Balthazar, vendredi dernier, au Cabaret, on aurait presque envie de souhaiter que ça arrive plus souvent! Je vous le disais la semaine dernière dans la rubrique Scène locale, Balthazar (le groupe) a perdu son guitariste Vladimir Garand, et Balthazar (le chanteur) se retrouvait donc seul à manipuler la six cordes. Et le résultat fut positivement étonnant: si l’aspect atmosphérique de certaines pièces que l’on retrouve sur leur album éponyme s’en est trouvé évacué, il fut largement compensé par une surdose d’énergie, ajoutant une touche presque punk à l’ensemble. Ils ont d’ailleurs utilisé les services d’un jeune guitariste de dix-huit ans, Gabriel Bazinet, qui s’est fort bien débrouillé lors des pièces qui exigeaient sa présence (dont l’irrésistible ska Marianna). Ajoutez à cela le plaisir évident qui régnait sur scène (les sourires que s’échangeaient la bassiste Manon Chaput et le batteur Jean Lortie en disaient long sur leur état d’esprit), qui a vite fait de devenir contagieux dans un Cabaret décemment rempli, et vous aurez une bonne idée de ce qui fut probablement l’un des meilleurs spectacles du groupe auxquels j’aie assisté. Seul mystère de la soirée: ils ont quitté la scène après à peine trois quarts d’heure, pour un entracte tout à fait inutile… Était-ce vraiment nécessaire de changer de vêtements? Bof, si ça les amuse… Comme ils nous quitteront bientôt pour une tournée européenne de cinq mois, il ne vous reste que deux occasions pour attraper le groupe: le 6 mars, aux Bobards, et le 26, au Cirque. (Eric Parazelli)

Steve Hill
Les 25, 26 et 27 février, au Club Soda
Les trois spectacles qu’a donnés Steve Hill et son groupe ont attiré une légion de curieux. Et, dois-je rajouter, une horde de médias grand public, montés in extremis dans le dernier wagon du train… Opération réussie, donc. Trois soirées identiques – j’y étais à chacune – autant dans l’ordre des chansons que dans le choix du répertoire. Aucune véritable surprise de ce côté-là. Comme il se doit, on a eu l’essentiel de Call it What You Will, son deuxième compact, lancé la semaine précédente. Hill a exorcisé l’insoutenable attente de son entrée en scène avec l’instrumentale Sizzlin’, rondement menée par l’orgue Hammond du nouveau venu Bob Stagg. Sono impeccable. Belle cohésion d’ensemble. Hill, sans pick de guitare, nous intoxique de ses notes assassines.
Comme il nous l’avait annoncé en entrevue, on a eu droit, en deux sets d’une heure, à un large éventail de styles qui gravitent autour du blues. Et plus encore, les spectateurs présents ont fait connaissance avec un amoureux de la Fender Telecaster, dont il caresse le manche et tord sans merci les notes. Les meilleurs moments? L’intimiste Slave, sans l’ombre d’un doute. Top Forty, envoyé avec beaucoup d’assurance. Patient Man, un blues lent auquel on reste accroché. What a Life, pour l’exécution sans faille sur sa guitare semi-acoustique et les notes en cascades qui en découlent. Mais plus que tout, le rappel, un pot-pourri instrumental de huit pièces (Walk Don’t Run et Blue Moon, version Ventures; Le Bon, la Brute et le Truand, d’Ennio Morricone; suivis d’Apache des Shadows, Pipeline des Chantays, le thème de James Bond, The Outer Limits des Ventures et, enfin, Misirlou de Dick Dale, révélée dans Pulp Fiction). Une sortie percutante, un moment de grâce. (Claude Côté)

La Chanson de la semaine
The Roots (featuring Erykah Badu)
You Got Me (MCA/Universal)
C’est chaud, c’est sensuel, c’est mélancolique… La voix de la diva r’n’b Erykah Badu et le flow flottant d’Eve of Destruction qui rencontre celui de The Roots, avec un finale drum’n’bass tout à fait chic, c’est assez pour faire fondre la neige… (Eric Parazelli)