Musique

Retour de son : Laurence Jalbert

Le 26 février, au Capitole

C’est connu, le public y est pour beaucoup dans le succès d’une soirée. Un principe qui s’applique particulièrement au spectacle de Laurence Jalbert, présenté vendredi dernier au Capitole. En effet, n’eut été d’un public fade comme une pluie en février, la prestation aurait eu du panache. Mais voilà, ceux qui payent pour aller entendre la chanteuse à la crinière de feu, pourtant nombreux, ne forment pas un public très olé. Un public de «mononcles», de baby-boomers ramollis, qui entamait du bout des lèvres Encore et encore ou Tomber, sans jamais redonner à l’artiste le quart de ce qu’elle, fidèle à son habitude, livrait avec ferveur. Une forme d’incongruité, d’autant plus désolante que Laurence Jalbert a été audacieuse dans la préparation de ce spectacle. Son acolyte Pierre Duchesne, bassiste et réalisateur, a eu la pertinence d’actualiser le répertoire. Il a fait appel, entre autres, au talentueux Alain Bergé, un jeune batteur qui a travaillé avec Lili Fatale et Jean Leloup. Résultat: des boucles rythmiques très groovy, auxquelles on ne s’attend pas, comme dans les pièces Dormir ou Qui est cet homme? Tout ça marié au jeu plus conventionnel mais enlevé d’Yves Savard, le complice à la guitare acoustique. Des arrangements superbes, offerts à des oreilles qui ne comprenaient pas bien, se demandant par quel malaxeur étaient passées les chansons entendues à la radio. La Gaspésienne serait-elle à l’étroit dans son créneau? Pendant cette version de Corridor à saveur techno, par exemple, qui ferait grincer des radiodiffuseurs frileux, l’incompréhension la plus complète se lisait sur les visages. Dommage, parce qu’il y avait vraiment de quoi nous réconcilier avec la pop québécoise.